samedi 4 février 2012

L’univers hypnotique de Sagot

Julien Sagot (Photo : Jean Langevin)
MONTRÉAL – Percussionniste de talent, Julien Sagot, membre fondateur de Karkwa, a lancé mercredi soir son premier album solo intitulé Piano Mal, au cabaret La Tulipe, à Montréal.

Originaire de France, mais Montréalais d’adoption depuis l’âge de 13 ans, le jeune homme est surtout connu comme «grattouilleur» inventif au sein du très populaire groupe québécois, pour lequel il écrit des textes à l’occasion.

Dans une volonté totalement assumée de vivre un projet qui lui ressemble au plan personnel et artistique, il a voulu creuser d’autres intérêts, farfouiller dans de multiples influences musicales, gratter d’autres objets pour accoucher d’un monde à lui.

Pour le jeune talent, ce désir d’exploration prend tout son sens dans Piano Mal, son nouveau-né, qu’il a fait découvrir aux Montréalais lors d’une performance de 30 minutes dans laquelle on a entendu des percussions, de la batterie (Joseph Perrault), du piano (Martin Lizotte), de la basse (Martin Lamontagne) et des guitares (Serge Nakauchi Pelletier et Leif Vollebekk) dans une ambiance rock feutrée.

«Le disque se défend mieux sur scène que je pensais. Il a certainement un manteau légèrement psychédélique, touffu, expérimental, mais j’arrive quand même à le faire respirer. Avec une touche un peu plus rock, ça passe bien, je crois», a raconté en entrevue le sympathique musicien.

Zones d’ombres

On doit prendre son temps pour pénétrer l'univers musical onirique de Julien Sagot, constitué de textes surréalistes, qui évoquent davantage qu’ils n’expliquent. D’autant plus que son écriture est enveloppée par une voix grave, résonnante, qui hypnotise. La musique folk, exploratoire, métissée, bricolée finement, ajoute une couche à cette ambiance de film qui nous perd quelque peu…à notre grand plaisir.

«Je me suis défini dans un style autre que celui appartenant à Karkwa [qui produit l’album par l’entremise de leur jeune maison de disque Simone Records] et c’est parfait ainsi, a confié Sagot. C’est un projet très personnel, moins orchestral, plus cinématographique. J’aime le noir et blanc, les textures, les ambiances sombres, qui cachent et laissent travailler l’imaginaire. C’est semblable pour mon disque.»

Au courant que l’on compare son travail à celui d'Arthur H ou de Serge Gainsbourg, le chanteur hésite : «Je ne suis pas certain. Je suis d’abord un Québécois. J’apprécie beaucoup le chanteur français Philippe Katerine, mais en général, mes inspirations proviennent davantage d’ici et des États-Unis. Je pense à Fred Fortin, Castanets, Miles Davis, Brian Eno, Patrick Watson»

Bien que l’ensemble de l’album arrive à former un tout relativement cohérent, on navigue d’un tableau musical à l’autre. Il en va de même en concert. De la mélodie au piano La palissade, l’auteur-compositeur-interprète entraîne l’audience dans un monde à la Tim Burton (Le trucifié), tantôt sur une planète rock (l’énergique Le temps des vendanges) ou encore dans une atmosphère de vaudeville, comme en fait foi la pièce La vieille taupe, qui rappelle les élans de rock-bluegrass-jazz du chanteur américain Tom Waits.

Pour produire cet opus, Sagot s’est entouré de Simon Angell à la réalisation (première tentative réussie) et de Leif Vollebekk aux arrangements.

Même si son spectacle est toujours à développer, Julien Sagot fera la première partie des Barr Brothers, au Club Soda, le 22 février.

Par Jean-François Cyr / Agence QMI publié le mercredi 01 février 2012 pour le Journal de Montréal

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire