mardi 31 janvier 2012

Sagot: Un premier album solo bien authentique



Julien Sagot, percussionniste de Karkwa, lance un premier album solo bien authentique

C’est sans prétention que Julien Sagot, membre fondateur de la formation Karkwa lance son premier album solo Piano mal. Il est surtout connu comme étant le percussionniste du groupe, cependant on a pu, entre autres, apprécier sa plume d’auteur-compositeur et sa voix d’interprète sur la chanson «Pili-Pili» sur l’album Les tremblements s’immobilisent. Sagot profite, en quelque sorte, de la pause prolongée de Karkwa pour sortir un premier album. Faut dire que ça faisait longtemps qu’il en rêvait. Il s’agit d’un album qui ne ressemble aucunement à la signature Karkwa.

Un opus enregistré entre Montréal et Paris. Pas étonnant puisqu’il a des origines françaises bien ancrées. Sur cet album Piano mal, l’artiste a su s’entourer des meilleurs musiciens d’ici. Il a choisi de travailler avec le chanteur Leif Vollebekk et Simon Angell (Patrick Watson), non seulement à la guitare, mais également à la réalisation ainsi qu’aux arrangements. Instantanément, cette complicité donne le ton à l’album.

Ses chansons sont construites comme si nous étions dans une oeuvre de Boris Vian ou d’André Breton. Les textes sont à la fois réels et surréalistes. Sa voix est grave et texturée rappelant celles de Tom Waits, d’Arthur H et de Bashung. On discerne bien d’où viennent ces influences folk-rock, mais cet album porte le sceau de l’authenticité. On peut certainement affirmer que le succès dont jouit la formation Karkwa, depuis ces débuts, lui sera bénéfique et que les portes sont dorénavant ouvertes à leur maximum!

LANCEMENT et PRESTATION

C’est ouvert à tous et gratuit, profitez-en! Rendez-vous le 1er février, 18h, à La Tulipe. Il assure la première partie des Barr Brothers à Québec le 17, à Montréal le 22 et à Sherbrooke le 25 février. On imagine déjà la suite!

Lancement de Piano mal | 1er février
La Tulipe | 4530, Papineau
sagot.ca

Par Nightlife.ca publié le 31 Janvier 2012

Sagot : Piano Mal sur Medium Large

L'album de Julien est passé en revue ici à Medium Large sur Radio Canada (de 6:40 à 10: 40)

Sagot : Parisien d'origine et Pierrot lunaire d'adoption

Julien Sagot, Parisien d'origine et Pierrot lunaire d'adoption,
sort son premier album solo, en marge du groupe Karkwa, Piano Mal.
Julien Sagot, l'art de la fuite

«J'ai toujours eu un côté assez sombre», reconnaît Julien Sagot en évoquant quelques-uns de des textes qu'il a écrits au sein de Karkwa.

Ce Sagot-là, comme les autres flèches du groupe montréalais, est un peu dans l'ombre de Louis-Jean Cormier. Ce qu'il vit très bien, d'ailleurs. Mais il est l'heure pour lui d'explorer plus à fond qui il est, musicalement et artistiquement. L'heure d'offrir Piano Mal, son projet solo, son bébé en marge de l'orchestre. Signé de son nom à lui. Et nourri de ses délires poétiques surréalistes.

«J'aime l'écriture automatique. J'aime cette fuite. J'aime les mots, leur pouvoir. Avec eux, je peux ouvrir une porte, sans chercher à savoir ce qui m'attend derrière. Et là, je me retrouve instantanément dans un champ de fleurs ou sur le dos d'un canard», explique ce lecteur avide qui dit «tripper» sur André Breton. Fou à lier? Du tout. Même si son premier disque solo est plein de zones d'ombres nocturnes, ce Parisien d'origine et Pierrot lunaire d'adoption respire plutôt la sérénité tranquille.

Son disque a des allures d'Arthur H, sans doute à cause de la voix, mais Sagot se revendique plutôt de l'école de Gainsbourg et celle de Philippe Katerine, «un génie capable d'écrire et de composer pour les enfants et les fourmis».

Article d'Yves Bergeras, Le Droit, publié le 28 janvier 2012

Sagot :difficile de jouer au jeu des comparaisons


Julien Sagot :: Piano mal (Simone Records)

Percussionniste au sein de Karkwa, Julien Sagot a décidé de profiter de la longue pause planifiée du groupe pour goûter à la carrière solo en lançant l'album Piano mal. Beaucoup plus qu'un frappeur de tambours, il s'avère aussi un bon auteur-compositeur-interprète capable de se forger un univers authentique.

Tout au long de l'album, on plonge par moments dans la chanson française et dans le rock, mais on revient constamment vers des morceaux d'une grande densité, menés par de lentes et lourdes progressions. Soulignons au passage le travail remarquable de ses complices Simon Angell (Patrick Watson, Thus : Owls) et de Leif Vollebekk, respectivement à la réalisation et aux arrangements.

Une fois les nombreuses inspirations de Sagot bien fusionnées, il devient difficile de jouer au jeu des comparaisons en raison de sa profonde démarche exploratoire. Le tout est accompagné de textes instinctifs et pas toujours cohérents, mais qui sonnent agréablement bien à l'oreille.

Article de Philippe Renault le 31 janvier 2012 dans Maverick.ca

Sagot : Audacieux sans être farouche



Critique album: Julien Sagot – Piano Mal 

Publié le 31 jan. 2012 par Marc-André Mongrain dans Sors-tu.ca

Percussionniste et tête folle de Karkwa, Julien Sagot se paie un album solo où il s’aventure hors de l’univers rock de son groupe. Des plus convaincantes, l’aventure onirique de Piano Mal nous transporte dans l’imaginaire d’un artiste, un vrai, qui explore avec sang froid le vertige de l’art instinctif.

Audacieuse décision que de mettre Le Trucifié au début de l’album. Ce premier titre est un conte sans queue ni tête sur un enchaînement de 4 accords à la guitare acoustique. Peu à peu interviennent quelques accords de guitare électrique Morriconesques, ainsi que des voix ralenties et hantées. L’intensité monte et le tout culmine en une finale endiablée où Sagot mitraille une caisse claire et quelques cymbales.

Curieux choix pour une première impression, mais fort ingénieux: l’auditeur comprend d’emblée qu’il vaut mieux lâcher prise et se laisser mener par la barque de Sagot, qu’il maîtrise même en zigzaguant.

Le voyage se fait de nuit, sur un fleuve sinueux et les rives laissent entendre des bruits difficiles à identifier. L’ami Simon Angell (Patrick Watson, Thus:Owls) y est pour beaucoup. Tout l’album est brillamment décoré par des arrangements dignes du souci des détails de Karkwa et de Patrick Watson, justement.

C’est pourtant pour la réalisation que l’on donne crédit à Angell, on le remarque d’ailleurs à la prise de son. Leif Vollebekk aurait quant à lui prêté main forte aux arrangements, d’où la forte saveur folk qui tapisse les compositions. Contrairement à ce qu’on pourrait croire en raison du titre, les guitares acoustiques prédominent sur le piano.

Audacieux sans être farouche

Sagot, lui, raconte, dicte, chuchote et chante des textes surréalistes qui évoquent des images inquiétantes, étranges, tordues, mais parfois belles aussi.

En dépit de tous ces éléments déconcertants, Piano Mal n’a pourtant rien d’un album farouche. Ou si peu. La chanson titre, la comique Une vieille taupe, le rock abrasif de Le Temps des vendanges et la jolie Palissade s’apprécient sans le moindre effort.

L’auditeur ne trouve pas ses repères habituels, mais le voyage singulier que nous propose Sagot est à la portée de tout mélomane le moindrement ouvert. 

lundi 30 janvier 2012

Julien Sagot: audace musicale

L’année de « pause » de Karkwa s’amorce officiellement mardi avec le lancement du premier album individuel de l’un de ses membres, Julien Sagot. Avec Piano mal, le percussionniste nous démontre un registre étendu d’influences et une audace qui rime avec recherche expérimentale.

Je devais bien être le 37e à interviewer Julien Sagot au moment de notre entrevue la semaine dernière. Il m’a même contacté un bon quart d’heure avant l’heure prévue, de peur d’être en retard. Il est vrai que c’est rarement lui qui cause avec les médias lorsque Karkwa est dans l’équation. Au point où il semblait être étonné de l’intérêt que l’on portait à son projet.

«Je ne m’attendais pas à tant d’entrevues, lance-t-il en riant, de sa voix vive teintée de son accent parisien natal. Peut-être que j’étais naïf… »

Naïf ? Peut-être. Peut-être est-ce tout simplement parce l’aventure solo n’était pas obligatoirement à l’agenda de Sagot il y a cinq ou dix ans. De la musique, ça, oui, il voulait en faire. Mais créer de son propre chef n’était certes pas sa priorité.

«Ça fait peut-être deux ou trois ans que je ramasse des bouts de chansons, des parcelles de musique. Je n’avais pas nécessairement pensé à faire un album solo. Mon rêve, ça a toujours été de jouer avec Karkwa. Les gars m’ont souvent proposé de chanter et de composer plus souvent dans le band, note celui que l’on peut entendre notamment dans les chansons Pilli-pilli et La Mouche. Ça a toujours été très démocratique, mais je n’ai jamais senti le besoin de faire un disque.»

L’incitatif

Entre deux albums et tournées de Karkwa, quelque part au Québec ou en Europe, Sagot enregistrait des choses, ici et là. Rien de vraiment précis. Le déclic est survenu un peu beaucoup grâce à Sandy Boutin, l’impresario du groupe.

«J’étais en train de faire mes premières ébauches de démos quand Sandy a écouté ce que je faisais et m’a demandé si je voulais faire un disque. A ce moment, on était dans le jus avec les tournées, les prix, les albums… Mais quand on a décidé de faire une pause, ça a comme été le coup de pied… J’ai dit « OK. Let’s go » ».

L’auditeur n’a pas dix minutes d’écoute de Piano mal derrière l’oreille que le constat est limpide. Julien Sagot ne fait pas du Karkwa sans Karkwa. C’est bien. En fait, Julien Sagot fait des choses que peu d’artistes québécois font. C’est mieux. Soit dit en passant, Piano mal est l’appellation d’une sculpture de l’Allemand Joseph Beuys.

Avec Simon Angell – guitariste de Patrick Watson et membre de Thus Owls – et Leïf Vollebeck à ses côtés, Sagot nous propose un voyage sonore extrêmement diversifié.

«C’est parce que j’ai plus travaillé les chansons à l’unité que le disque comme un tout. Chacune suggère une musique, un personnage des fois… Il y a des chansons plus narratives et je varie beaucoup les ambiances. Il y a quelques affaires farfelues et un peu fuckées (petit rire) Avec ma voix, je me suis amusé. J’ai parfois forcé des affaires où j’ai voulu être plus crooner. Il y a un aspect théâtral.»

Avec Sagot, on plane, on s’interroge, on est parfois hypnotisé par les motifs et les textures qu’il travaille en boucle et force est d’admettre que l’enrobage que l’on découvre est digne d’intérêt.

«Je suis arrivé avec mes maquettes et Simon et Leïf m’ont amené là où je voulais aller. Ils m’ont permis de m’ouvrir un peu plus. Il y a des pièces instrumentales, il y a de la couleur…

- Il y a même de fortes influences psychédéliques.

« Psychédéliques ? Oui. J’assume. En fait, si Leïf (ndlr : un musicien très organique d’allégeance folk) n’avait pas été là, ce disque aurait été complètement psychédélique, s’esclaffe Sagot. Il nous a ramenés à la réalité. L’aspect pop de l’album, c’est le plus loin que je pouvais aller. Mais l’aspect expérimental, ça, je peux aller encore plus loin. »

A l’écoute de certaines compositions denses, dignes d’une trame sonore de film noir, en écoutant les textes imagés et les bruitages, on se dit que ce disque a été conçu avant tout pour une écoute attentive, pas pour la scène.

«On ne s’est même pas posé cette question. On a essayé d’aller le plus loin possible en studio. Mais je suis en train de préparer cinq chansons pour jouer au lancement, et je réalise qu’elles sont très malléables pour la scène. »

Cela demeure très relatif, mais s’il fallait noter une surprise, c’est que le disque est beaucoup moins percussif à ce qu’on s’attendait… de la part d’un percussionniste qui sait jouer d’autres instruments.

«Je ne voulais pas d’un album axé sur la percussion. Depuis toujours, le piano me sécurise. Mais pour moi, le piano demeure un instrument percussif.

- Si c’est Jerry Lee Lewis ou Tigran Hasmayan qui en joue, oui.

«Ou dans l’ensemble de la musique cubaine, où le piano joue de pair avec les percussions.»

Nous sommes d’accord.


Julien Sagot, Piano mal (Simone), en magasin et en ligne, mardi.
Lancement, mercredi 1er février, à La Tulipe
Spectacle, vendredi 20 avril, à La Tulipe

Julien Sagot : Fréquence Libre

Emission Fréquence Libre de Radio-Canada diffusée le 29 janvier 2012 entrevue de Monique Giroux avec Julien Sagot

Entrevue de Julien Sagot à partir de 1 h 30 mn à 1h 46 mn ici dans le podcast.  avec les titres :

16 h 32 Titre: PIANO MAL
Album: JULIEN SAGOT: PIANO MAL
Interprète(s): JULIEN SAGOT
Compositeurs: JULIEN SAGOT
Étiquette: SIMONE RECORDS,332

16 h 43 Titre: UNE VIEILLE TAUPE
Album: JULIEN SAGOT: PIANO MAL
Interprète(s): JULIEN SAGOT
Compositeurs: JULIEN SAGOT
Étiquette: SIMONE RECORDS,SMCD - 7780

Julien Sagot : Ultra Plus

Piano mal de Julien Sagot 

Karkwa en pause après une année de fou, son percussionniste, Julien Sagot, en profite pour mettre en musique son univers personnel. Piano mal, la chanson titre, témoigne d'un goût pour les ambiances nocturnes et la poésie fuyante que sa voix grave et son chant doux servent à merveille. On saura mardi, jour de la sortie de l'album, si Sagot (c'est son nom d'artiste en solo) exploite plus que ses humeurs sombres.

Extrait de la liste plus ultra d'Alexandre Vigneault publié le 28 janvier 2012

Julien Sagot: un univers à apprivoiser

«PIANO MAL» DE JULIEN SAGOT

(Québec) Avec ce premier album solo en magasin mardi, le percussionniste du groupe Karkwa, Julien Sagot, n'a pas misé sur la facilité.

Quelques écou­tes ont été nécessaires pour réussir à pénétrer - et à apprécier - l'univers musical onirique porté par la voix grave, voire caverneuse, de l'auteur-compositeur-interprète. Inspirée par le surréalisme, la plume de Sagot évoque plus qu'elle affirme ou décrit.

Les images s'imposent sans qu'on y lise un sens concret, voguant sur une folk atmosphérique parfois languissante, qui a bénéficié de la touche de Simon Angell (Patrick Watson) à la réalisation et de Leif Vollebekk aux arrangements. Davantage expérimental que formaté, l'ensemble offre toutefois quelques pièces plus accessibles qui servent de porte d'entrée : Une vieille taupe avec sa poésie ludique et son refrain qui reste collé au fond de l'oreille, Le temps des vendanges et son énergie rock ou Piano mal, qui traite on ne peut mieux ledit instrument. 

Critique de CD par Geneviève Bouchard, paru dans Le Soleil, publié le 28-01-2012

samedi 28 janvier 2012

Julien Sagot: l'art de voir la musique

Voyant la pause arriver avec Karkwa, le percussionniste du groupe, Julien Sagot, s'est lancé dans l'aventure solo avec l'album «Piano mal», un recueil de pièces inspirées par le surréalisme.
(Photo Patrick Cormier)
(Québec) Julien Sagot a beau faire de la musique, il est sans contredit de type visuel. Avec son premier album solo, Piano mal, en magasin mardi, le percussionniste de Karkwa a brodé des pièces faites d'images et d'évocations, des tableaux folk rock résolument li bres qui obéissent à leurs propres règles.

«Je travaille dans le visuel, je ne travaille pas dans l'écriture de notes ou de partitions, confirme Julien Sagot, au bout du fil. C'est mon école, c'est comme ça que j'ai appris. J'ai essayé de garder une ambiance assez cinématographique. C'est de cette façon que je vois vraiment la musique, avec beaucoup de couleurs.»

Quand on pense au parcours de Karkwa dans les dernières années, on se demande comment le percussionniste du groupe a pu trouver le temps d'écrire un album solo. L'auteur-compositeur-interprète a mis à profit les vacances et les déplacements en tournée pour échafauder son propre répertoire. Pourtant, selon ses dires, il n'a jamais ressenti la «nécessité absolue» de pren­dre l'avant-scène. Ce sont plutôt les circonstances qui ont provoqué son aventure de chanteur, dans laquelle il a plongé entouré de Simon Angell à la réalisation et de Leif Vollebekk aux arrangements.

«J'ai tellement de liberté avec Karkwa, je suis tellement bien avec ce groupe, assure-t-il. Je ne sentais pas le besoin de partir faire ma carrière solo. Mais je voyais que les gars étaient fatigués. Je voyais la pause arriver. J'ai senti qu'il était temps que je sorte mes affaires. Je ne voulais pas me retrouver à travailler sur des projets pour les autres.»

Beuys et les surréalistes

Si Julien Sagot regarde ses compositions avec un oeil de cinéaste, ce sont les arts visuels qui lui ont inspiré le titre de son album, plus précisément une installation de l'artiste allemand Joseph Beuys : un piano à queue recouvert de feutrine et orné d'une croix rouge. L'image de Piano mal s'est imposée.

«C'est tout de suite venu me chercher, raconte le musicien. Pour moi, ça représentait un piano qui voulait guérir des maux ou un piano qui avait souffert et qui avait été recouvert de feutre pour le protéger. J'ai eu un flash. Et je trouvais ça drôle de mettre un sentiment dans un instrument de musique.»

Inspiré par les surréalistes, Julien Sagot a laissé sa plume s'envoler dans un univers onirique qui pourrait en déstabiliser certains. De son côté, le parolier y puise une liberté qui lui est chère. «J'aime sentir qu'il n'y a pas de filet dans les textes, indique-t-il. À travers la poésie d'André Breton ou de Boris Vian, je sens que d'un seul coup, c'est ouvert, qu'on respire... Il y a des gens qui vont dire que c'est barbare, hermétique ou ennuyant. C'est sûr que la poésie ne plaît pas aux gens qui sont gavés, qui sont dans le confort ou dans le luxe. Ça ne les intéresse pas parce que ça demande un certain effort. Mais pour les gens qui sont plus dans le rêve, je trouve que c'est une bonne échappatoire, surtout dans les périodes gri­ses que l'on vit.»

Alors que la formation Karkwa s'offre une pause bien méritée, Julien Sagot s'apprête à prendre la route avec son propre groupe. On aura deux occasions de le voir au Théâtre Petit Champlain dans les prochains mois. Les pièces de Piano mal côtoieront certainement des reprises, mais le chanteur n'a pas encore choisi avec quelles oeuvres il complétera son programme.

«Je suis en train de penser à quel genre de chanson je pourrais chanter si ce n'est pas de mon cru, admet-il. Il va falloir que je m'apparente à quelque chose. Je vais peut-être prendre un texte d'Edgar Allan Poe et le reprendre dans une version tribale... Je ne sais pas du tout encore! Ça va être une surprise!»

Article de Geneviève Bouchard, Le Soleil, publié le 28 janvier 2012

Julien Sagot: musicien libre

Julien Sagot profite de la pause que se sont accordée les membres de Karkwa pour présenter un premier disque solo tout en textures et en tableaux (.Photo Robert Skinner, La Presse)
Free. C'est un mot que Julien Sagot répétera souvent, avec son accent français, en entrevue. Surtout connu comme percussionniste du groupe Karkwa, il sort mardi un premier album solo, Piano Mal.

Julien Sagot est né à Paris dans une famille où il y avait peu d'interdits. «Je faisais l'école buissonnière et ma mère signait mes absences, raconte-t-il. C'était pas mal free chez nous.»

Les parents de Julien ont décidé de déménager à Montréal quand il avait 13 ans. Et la musique, ça remonte à quand? «J'ai commencé les percussions en allant jouer aux tam-tam le dimanche, se souvient-il. J'aimais le côté tribal de l'affaire, le côté liberté et naïf. C'est important pour moi dans la compo de garder cette innocence.»

À l'âge de 16 ans, Sagot a rencontré le claviériste François Lafontaine, «qui travaillait chez un disquaire». Sans le savoir, l'être «éparpillé» et «musicien autodidacte» qu'est Sagot allait faire partie de l'un des groupes rock francophones les plus marquants de son époque.

Karkwa a sorti quatre albums, dont le dernier, Les Chemins de verre, qui a obtenu le prix Polaris remis au meilleur album canadien, a été certifié disque d'or, mais qui a surtout engendré plusieurs tournées qui ont pris fin l'automne dernier. Des tournées à la fois stimulantes et éprouvantes pour des musiciens et pères de famille... Si bien que Karkwa a décidé de prendre une pause d'un an pour mieux s'inspirer et se ressourcer pour la suite des choses avec différents projets personnels.

Mais depuis trois ans, Julien Sagot bricolait un album ici et là quand il était sur la route ou de retour à la maison. «Une pause avec Karkwa, ça me permettait de me concentrer sur mon projet.»

Le projet en question est des plus intéressants. Ce n'est pas un disque de chansons, mais de tableaux sonores cinématographiques avec une signature musicale forte qui rappelle Timber Timbre, Tom Waits, Dead Man's Bone et même Arthur H ou Jean Leloup parfois dans le chant nonchalant. Ajoutez des arrangements qui vont dans tous les sens, des motifs sonores «hypnotiques» et répétitifs, éléments ajoutés de musique contemporaine, genre que Sagot affectionne particulièrement. «J'écoute toutes sortes de musiques. Ça me ferait plaisir que l'album soit classé musique du monde.»

«J'aime créer des univers qui m'aident à ouvrir les chansons, pour les textures et les ambiances, dit Sagot. Avec Karkwa, je me suis retrouvé dans un univers assez pop, alors que moi, j'ai toujours été éparpillé.»

Laboratoire du son

Le musicien aime cette idée de «laboratoire du son», d' «alchimiste» de la musique, avec le récit d'un personnage-narrateur. «Je voulais changer ma voix, me trouver un personnage, un raconteur... J'aime la narration, les choses qui sont racontées pas nécessairement avec des couplets et des refrains.»

«Si j'avais eu plus de temps, ajoute-t-il, j'aurais fait une seule histoire pour tout l'album pour que ce soit encore plus cinématographique.»

Julien Sagot s'est entouré du guitariste Simon Angell (Patrick Watson, Thus Owls) et du musicien folk-rock Leif Vollebeck (qui a aussi comme imprésario Sandy Boutin). «Si je m'étais trouvé seul avec Simon, l'album aurait été plus éclaté, mais Leif nous calmait en nous ramenant à un cadre de chanson.

Quoi qu'il en soit, les chansons de Piano Mal ne sont pas que le fruit d'un trip de gang. L'auditeur y prend un grand plaisir comme s'il partait en voyage. On passe de la chanson française (Une vieille taupe) au rock (Le temps des vendanges), en passant par des pièces halloweenesques (Le trucifié) et une mélodie au piano magnifiquement illuminée par des harmonies vocales (La palissade).

Et pourquoi Piano Mal? C'est le titre d'une sculpture (Infiltration homogène pour piano à queue) de l'artiste allemand Joseph Beuys, qui a recouvert un piano à queue d'une couverture en feutre grise qui a un gros motif de croix rouge. «Le piano, pour moi dans la vie, a toujours été là pour me sécuriser dans mes maux.»

Au fait, parlait-il de maux ou de mots? Qu'importe.

Piano Mal, de Julien Sagot. Simone Records.

Article publié le 28 janvier 2012 Émilie Côté dans La Presse

Entrevue de Julien Sagot à Bande à Part


Une entrevue sur Bande à Part avec Julien Sagot, pour son nouvel album Piano Mal avec l'écoute de deux titres "Chateau Rouge" et "Le temps des vidanges"
dans l'émission du 27 janvier 2012

Piano mal, instinct bien


Julien Sagot lance son premier album solo - Piano mal, instinct bien

Julien Sagot, c'est le percussionniste du groupe Karkwa. Vous l'avez peut-être déjà vu debout à la gauche de Louis-Jean Cormier, à frapper des cymbales, à grattouiller plein d'objets, à frapper des instruments qui n'ont pas de nom, pour enrober le rock de Karkwa. Profitant de la pause prolongée de son groupe, le Français d'origine lance un premier disque, Piano mal, qui se révèle plein d'audace et qui carbure à l'instinct.

Ce n'est pas la première fois qu'on entend Julien Sagot sur disque. Avec Karkwa, il a chanté et composé quelques textes, dont Pili-Pili et Au-dessus de la tête de Lilijune. C'est aussi à lui que l'on doit la pièce-titre de l'album Les chemins de verre ainsi que les mots de la chanson Red Light, interprétée par Brigitte Fontaine. 

Sur ce premier disque solo où il ajoute à sa tâche le piano et la guitare, on retrouve sa plume parfois abstraite, enrobée d'une musique variée, non linéaire, pavée d'univers clairs-obscurs. C'est beaucoup parce que Sagot travaille davantage avec le coeur qu'avec la tête. «Je suis autodidacte en musique. Quand j'ai commencé les percussions, j'allais sur le mont Royal le dimanche. Je me retrouvais complètement dans ces musiques-là, il n'y avait pas de barrières, de manières précises pour faire les choses. Et encore aujourd'hui, je trouve que c'est la meilleure école, de garder tout le temps les yeux ouverts, d'essayer, d'explorer, de se lancer dans des avenues complètement pétées. Comme ça, on ne peut pas vraiment se compter de mensonges. C'est proche de nos émotions brutes.»

Piano mal n'est toutefois pas un fouillis, mais un disque audacieux, qui se situe quelque part au croisement de Dominique A, de L'imprudence de Bashung et de l'univers de Karkwa. «J'ai eu un souci de garder le disque accessible. J'ai trouvé que Piano mal était mon meilleur compromis entre un côté pop et un côté "free", aérien, raconte Julien Sagot. Maintenant, être plus pop que ça, je ne pense pas que je pourrais... mais plus "free", ça oui par contre!»

Sans cadre rigide

Cette part laissée à l'intuition et au hasard fait partie de la méthode de création du musicien. Une note accrochée en plaquant un accord de piano qui ouvre une voie mélodique inopinée. Ou alors deux mots plus ou moins logiques qui se côtoient pour former une image. «Quand tu respires à la paille / fakir à tête de soleil / tes pieds de cuir me réveillent / de la braise entre mes dents», chante-t-il sur la pièce éponyme. 

«L'écriture automatique, c'est d'avoir confiance en son instinct, d'y aller à tâtons, d'être un aveugle. De se laisser aller. J'aime beaucoup Boris Vian, André Breton, par exemple. Parce que justement il n'y a pas de filet, juste des émotions, des idées, complètement tordues. Et ça me sort d'un cadre rigide, ça me fait voyager, ça me fait du bien.»

Julien Sagot a enregistré son album à Montréal mais aussi au studio La Frette, en région parisienne, avec l'aide de deux amis musiciens, Simon Angell (Patrick Watson, Thus:owls) et Leif Vollebekk. «Avec eux, ç'a été simple, on s'entendait dans la démarche, dans les textures recherchées. Ce sont des gens qui ont beaucoup de goût. Ils ont aussi permis d'ouvrir un peu les chansons, de faire respirer les parties instrumentales, de complémenter les chansons.»

Le percussionniste montera sur scène quelques fois au mois de février, dont lors de son lancement ouvert au public, le 1er février au La Tulipe, à Montréal. Sagot fera aussi la première partie des Barr Brothers à Québec le 17, à Montréal le 22 et à Sherbrooke le 25 février. Pour le reste, on imagine qu'il suivra... son instinct.

Article de Philippe Papineau paru le 27 janvier 2012 dans Le Devoir

La musique qui respire de Julien Sagot

Julien Sagot (Photo Yves Provencher)
«Sans prétention», dit modestement Julien Sagot à propos de son premier album. «J’avais envie d’un disque avec beaucoup d’espace et pas trop de texte!» Laisser respirer la musique, telle était l’intention de celui qu’on a d’abord connu comme le percussionniste de Karkwa. «Avec Karkwa, il y a beaucoup de grosses orchestrations : François a la musique, Louis-Jean écrit beaucoup de textes… Je n’avais pas envie de refaire la même chose. J’avais juste envie de laisser aller la musique.»

Le musicien affirme avoir trouvé l’aspect créatif plus aisé en solo qu’en groupe. «Bien sûr, ça va être plus difficile pour tout l’aspect de spectacle live, il faut trouver des musiciens, ce n’est pas toujours évident avec une petite tournée, concède-t-il. Mais l’aspect créatif, sur le disque, j’ai vraiment trouvé que c’était l’fun. C’est moi qui tranchais, qui décidais; à cinq, c’est sûr qu’il y a des désaccords, des chansons qui sont complètement transformées, on n’y peut rien.»

Musicalement, il n’a pas eu trop de difficulté à s’éloigner de l’univers de son groupe, puisque Julien Sagot a décidé de travailler avec Simon Angell et Leif Vollebekk. «C’est un choix artistique que j’ai fait. J’aime leurs univers et, d’emblée, avec ces gars-là, je savais qu’on se retrouverait ailleurs, dans de belles ambiances.»

On avait déjà pu apprécier le talent d’auteur-compositeur et de chanteur de Julien Sagot sur certaines pièces de Karkwa – on pense entre autres à Pili-Pili, sur Les tremblements s’immobilisent –, et cette fois, sa poésie un peu surréaliste se déploie d’un bout à l’autre de l’album. «Moi, parler du quotidien, ça me mine, je trouve ça lourd. J’ai besoin de m’évader,  c’est pour ça que j’aime beaucoup l’écriture automatique.»

Le musicien se désole d’ailleurs que la poésie semble «faire peur aux gens». «On semble croire que ça va être compliqué, qu’il y aura trop d’efforts à faire… alors que c’est simplement un peu de couleur, dit-il. Ce n’est pas vrai que c’est trop intellectuel. En Afrique, par exemple, les gens ont une culture très axée sur la poésie. Ils chantent tout le temps. Chez nous, personne ne chante en public. C’est un peu tabou, et pourtant, si les gens chantaient plus… ils prendraient beaucoup moins d’antidépresseurs!»

De la même manière, si le piano est aussi présent dans son œuvre solo – jusque dans le titre, Piano mal –, c’est qu’il s’agit d’un instrument qu’il a toujours considéré comme thérapeutique. «Chez nous, il y a toujours eu un piano, depuis que j’étais tout petit, dit-il. J’ai toujours été assez angoissé, et c’est un instrument qui m’a toujours fait beaucoup de bien, tout comme le chant.»

Et Karkwa, alors?

Pour Julien Sagot, la pause que s’accorde les membres de Karkwa pour travailler à divers projets en solo ne signifie pas la mort du groupe. «On était rendus à un point où il fallait prendre une pause de Karkwa, pour pouvoir se réaliser chacun individuellement, explique-t-il. Un groupe, c’est comme une seule personne. On finit par ne plus savoir exactement qui on est.»

Il explique que les membres du groupe ne se sont jamais mis de bâtons dans les roues quand est venu le temps de projets en solo, bien au contraire. «On s’est fait une maison de disques, avec Karkwa; on voulait que chacun des gars du band qui désirait monter son projet ait les moyens financiers d’aller jusqu’au bout.»

Et au sujet de l’avenir du groupe, que les fans se rassurent : semble-t-il qu’il n’y ait pas matière à s’inquiéter. «Quand on aura fait le tour de nos affaires, ça sera le temps de revenir et de faire un autre disque encore plus fucké!» lance le musicien en riant. 

Piano mal
En magasin dès mardi 


Article de Jessica Émond-Ferrat Publié dans Métro Montréal le 26 janvier 2012

jeudi 26 janvier 2012

A strange and fascinating work of art

After years of peppering Karkwa albums with some of his own personal compositions, soft-spoken percussionist Julien Sagot finally takes centre stage on Piano mal, a strange and fascinating work of art. On Le Trucifié, the Gainsbourgesque singer seems closer to the musical landscapes of Pawa Up First (another project featuring Sagot) than to Karkwa’s dreamy pop-rock.

Then on the title track, he offers a song fitting perfectly in the "nouvelle chanson française" current. From beginning to end, Sagot keep listeners on their toes. While Piano mal is, at times, a manic, almost confusing experience, it remains an interesting album once tamed after numerous listening sessions. Fans of Pierre Lapointe, Vincent Delerm and Thomas Fersen should especially enjoy it.

by André Péloquin – January 26, 2012 on Hour.ca

Les compositions de Julien Sagot sont des balles courbes lancées avec audace et assurance

"Salut, Sagot" par Olivier Robillard Laveaux

Photo : M. William Rondeau
Pendant la prochaine année, le percussionniste Julien Sagot devra apprendre à vivre sans Karkwa. Un processus amorcé avec la parution de son album Piano mal.

Nous avions découvert sa voix grave et son accent trahissant ses origines françaises sur les albums de Karkwa. Il y chantait La mouche, Pili-pili et Au-dessus de la tête de Lilijune, des titres qui, de l’aveu même de Julien Sagot, détonnaient parfois dans le répertoire du groupe au sein duquel évolue le percussionniste.

"Contrairement à ce que ça laisse penser, je ne composais pas énormément avant de me lancer dans l’écriture de mon premier album solo", révèle le musicien. Intitulé Piano mal, un titre inspiré par une sculpture de l’Allemand Joseph Beuys (Infiltration homogène pour piano à queue), le disque comprend des chansons écrites au cours des deux dernières années. "Je les trouvais trop personnelles pour les proposer au groupe. De toute façon, je n’étais pas pressé de les enregistrer parce que j’étais satisfait de la tournure des événements pour Karkwa. Mais après quatre ou cinq ans de tournée et de studio, la fatigue commençait à s’installer dans le groupe. Alors plutôt que d’aller laver de la vaisselle dans un restaurant pour gagner ma vie, j’ai décidé de sortir un album solo."

Ainsi, malgré la couverture médiatique, les honneurs, le succès critique, les 40 000 exemplaires vendus des Chemins de verre et les nombreux concerts, les membres de Karkwa n’ont pas le luxe de s’offrir une courte pause sans tracas financiers. "C’est pour ça, la pub de Coke", répond Sagot du tac au tac. "Si nous avions vendu 100 000 disques, nous ne l’aurions probablement pas fait, mais nous avons des familles à nourrir. Des familles que nous avons mises de côté pendant de longues années. On partait à la conquête d’un public, il fallait faire des sacrifices, mais il faut être jeune pour vivre cette situation. Lorsque Karkwa reviendra, le rythme sera moins éreintant."

Pour Julien Sagot et ses collègues, le temps est venu de prouver qu’ils peuvent vivre en dehors du vaisseau Karkwa, "comme si Céline devait apprendre à vivre sans René". Pour s’émanciper, le compositeur a couché ses pièces sur ruban en compagnie du Montréalais Leif Vollebekk et du guitariste/réalisateur Simon Angell (Patrick Watson, Thus:Owls). "Je suis allé les chercher pour qu’ils m’aident à ouvrir l’horizon de mes chansons. J’aime les ambiances sombres et mystérieuses que Simon crée en passant ses guitares dans différentes réverbérations. C’est la même chose pour les textures sonores de Leif. C’est toujours bien dosé, de bon goût."

Ancrées dans un registre vaporeux, parfois expérimental, les compositions de Julien Sagot sont des balles courbes lancées avec audace et assurance. On pense d’abord à la cérébralité d’Arthur H, à la tension de Serge Gainsbourg et aux déflagrations psychédéliques de Pink Floyd. On y découvre un compositeur attiré par la force hypnotique d’un motif mélodique répété. "Je crois que ça vient de mon amour pour les musiques tribales, explique-t-il. Ces musiques sont simples, mais transcendantales. J’adore cette naïveté. Elle m’a permis de comprendre qu’on pouvait faire de la musique avec n’importe quoi. Tant qu’il viendra du coeur, le résultat sera bon."

Julien Sagot, Piano mal, (Simone Records)
En vente le 31 janvier


L’univers poétique et singulier de Sagot

Julien Sagot – Piano Mal

C’est con. Je n’ai pas pu m’empêcher d’être surpris lorsqu’on a appris que Julien Sagot allait être le premier des membres de Karkwa à se lancer dans l’aventure d’un album solo. Pourtant, la formation tire son énergie créatrice grâce à la présence de ses cinq membres et tous contribuaient à façonner le son du groupe. N’empêche, Sagot, percussionniste et multi-instrumentiste de Karkwa trimbalait ce projet depuis un petit bout de temps, assez pour assurer la mise en marché de “Piano Mal” le 31 janvier 2012, à peine quelques semaines après l’annonce de la sabbatique des lauréats du prix Polaris 2010.

Dépeint comme le lunatique de la bande, le parisien d’origine propose un premier album très concluant, teinté d’une panoplie d’influences; du rock alternatif saturé aux expérimentations sonores, le tout incorporé dans une pop ombreuse unique et distincte. Très européen et imagé, “Piano Mal” est un superbe laboratoire pour les chansons de Sagot. Un atelier bien utilisé, car cet album dévoile toute la force artistique du multi-instrumentiste, très bien canalisée par les morceaux structurés et les instants carrément irrationnels. Il en va de même pour les superbes paroles du disque, où il s’amuse avec les mots comme le ferait n’importe quel auteur. Écouter Sagot chanter ressemble à la lecture d’un bon livre où il faut laisser l’aspect cartésien de côté afin de saisir tous les petits détails.

Cet affrontement entre les instincts chansonniers et avant-gardistes n’assure pas nécessairement une cohérence propre à “Piano Mal”, mais cet élément n’est pas nécessaire dans le contexte de cet album. Même la pièce abstraite et expérimentale “S.O.S. Panda” est empreinte de la vision de Sagot, en distinguant comme pièce la plus déroutante du disque. Toutefois, il possède une belle facilité avec la chanson française alternative au piano; “Palissade”, “Une vielle taupe” et la pièce-titre sont des pièces mémorables, à mi-chemin entre Tom Waits, Jean Leloup et Serge Gainsbourg. Julien Sagot est également un mélodiste curieux et captivant, comme en témoigne “Château Rouge”, morceau qui semble résumer l’esprit de “Piano Mal”.

On ne perd pas de temps à apprécier la voix grave de Julien Sagot, qui ressort superbement lorsqu’il s’amuse dans le terrain des harmonies vocales (Champ de cotton). Il ne faut pas se le cacher; Julien Sagot ne propose pas l’album le plus accessible. Ce n’est qu’un détail : le risque en vaut la peine. Il ne faut surtout pas hésiter à se laisser emporter par l’univers poétique et singulier de Sagot.

“Piano Mal”, en magasin le 31 janvier 2012.

Site officiel: http://www.sagot.ca

Article paru sur le site 500khz – Tounes, musique et tout le reste rédigé par 500khz le 23 janvier 2012 

mercredi 25 janvier 2012

Sagot surréaliste

Julien Sagot (de Karkwa) / Piano Mal

Ses origines sont parisiennes mais il passé la majeure partie de son existence à Montréal. Il affiche une grande ouverture d’esprit, on peut dire de lui qu’il a beaucoup apporté à la singularité de Karkwa. On peut aussi affirmer qu’il en est un des principaux acteurs du secteur recherche & développement. Un secteur qui, d’ailleurs, devra s’activer de nouveau après la pause du groupe.

On voit ici que Julien Sagot est auteur, compositeur, interprète et réalisateur en plus d’être le percussionniste de Karkwa. Avec l’aide du principal intéressé, la réalisation de cet album a été confiée à Simon Angell, guitariste de Patrick Watson et cofondateur de l’excellent groupe québéco-scandinave Thus Owls – de retour en mars de ce côté de l’Atlantique.

L’album Piano Mal a été créé au Québec et en France, respectivement aux studios Mathieu Parisien et La frette (propriété d’Olivier Bloch-Lainé, aussi le compagnon de Marie-Jo Thério). Très rapidement, on est habité par cette musique garnie de mots réunis avec une élégance certaine.

De manière générale, l’architecture musicale est simple. Tout se déploie dans l’habillage, l’arrangement, l’instrumentation, les textures, la réalisation. Et c’est très bien ainsi puisque la forme chanson trouve sa valeur beaucoup plus dans les couches recouvrant les structures que par leur rythme, leurs mélodies ou progressions harmoniques.

À ce titre, Simon Angell a fait du très bon boulot. La variété des styles (folk, rock, ambient, prog, musique répétitive américaine, etc.) sert un univers propre, celui de Julien Sagot. Les prises de sons sont bellement filtrées, les fragment de bruits captés sur le terrain se voient considérablement transformés et confèrent une réelle envergure à ces enregistrements.

On n’en retiendra probablement pas les chansons, on risque d’en retenir le tout. Aucun vers d’oreille à l’horizon (au sens positif de l’expression), aucun refrain ne s’incruste. La voix du soliste y est ténue pour ne pas dire limitée et n’ajoute que de la couleur au tableau. En revanche, cet album peut être saisi comme un tout indissociable, périple effectué en dix stations. Sagot y réussit d’ailleurs l’exploit de ne pas ressembler à Karkwa, ou si peu.

Les textes s’avèrent d’allégeance surréaliste, les choix métaphoriques procèdent d’une diffraction considérable du réel.

Voici quelques citations hors contexte:

Dans Le trucifié : Esprit de la nuit nuée d’abeilles qui me frôle dans cette forêt / Étranger je glisse ma cape se prend à un saule…

Dans Piano mal : Quand tu touches la vitrine sur une colline d’argent c’est un verre d’eau sur la ligne soulevant les corps de chambre alors je fais du caféet je vais me recoucher.

Dans Palissade : Les fées qui déferlent sur la ville / leurs coeurs immobiles / vole avec elle..

Cet angle littéraire dévoile un lexique assez solide, une belle propension à l’image. Si peu de liens réalistes cimentent ce formalisme consonant pour ainsi faire rutiler ses indéniables qualités.

Surréalisme apparent, donc. Le résumé wiki nous rappelle que ce choix esthétique se fonde sur les préceptes suivants que pose le fondateur du mouvement, André Breton :

« automatisme psychique pur, par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale [...] Le surréalisme repose sur la croyance à la réalité supérieure de certaines formes d’associations négligées jusqu’à lui, à la toute-puissance du rêve, au jeu désintéressé de la pensée. Il tend à ruiner définitivement tous les autres mécanismes psychiques et à se substituer à eux dans la résolution des principaux problèmes de la vie. »

Enfin… difficile d’affirmer que les textes de Julien Sagot s’inspirent exclusivement de l’approche surréaliste. À coup sûr, ils s’en approchent. La quête de sens direct, d’ailleurs, est une valeur que personne n’est obligé de partager, n’est-ce pas ?

Alors ? Perso, je prends cet album pour ce qu’il est d’abord: bel amalgame de sons. Sons joués, cueillis, traités, transmutés, dits, chantés et plus encore.

La suite sur scène est prévue très bientôt, soit pour le lancement à La Tulipe, le mercredi 1er février.

Article d'Alain Brunet paru dans La Presse le 25 janvier 2012

dimanche 22 janvier 2012

Photos de l'enregistrement de Piano Mal de Julien Sagot

Cliquez sur l'image pour accéder à l'album Facebook de Julien Sagot pour y voir de belles photos de Gaelle Royer pendant l'enregistrement de son album Piano Mal aux studios de La Frette.
Julien Sagot (percussionniste du groupe Karkwa), lancera son album solo, Piano mal le 1er février prochain au Cabaret La Tulipe. La pièce titre de l’album est disponible pour écoute sur son site : www.sagot.ca . Une tournée québécoise suivra la sortie de l'album. (Extrait du site La syntonie de Lise Blanchard Promotion Radio )

jeudi 19 janvier 2012

Julien Sagot : une belle promesse pour 2012

Cliquez sur l'image pour accéder au vidéo
Le groupe Karkwa a annoncé une pause pour 2012. Loin d’eux, cependant, l’idée de couper le fil de leur inspiration musicale. Plusieurs membres du groupe se livrent plutôt à des projets solo intéressants :

François Lafontaine
a réalisé l’album de Marie-Pierre Arthur qui sort le 7 février, Julien Sagot et Louis-Jean Cormier lanceront sous peu leur album solo. Un autre album attendu cet hiver est celui de Leonard Cohen, dont Olivier nous fait entendre la voix gravissime. Et découverte à venir : John K Samson, le Jeff Tweedy canadien.

A visualuer ici  dans l'extrait de l'émission Voir sur Telequebec du mercredi 18 janvier 2012 (durée 5:58)

mercredi 18 janvier 2012

Julien Sagot se projette à l’avant-scène avec son premier effort solo


The Barr Brothers au Théâtre Petit Champlain

Le groupe tant attendu The Barr Brothers, formé des frères Brad et Andrew Barr, ainsi que de la harpiste Sarah Pagé et du multi-instrumentiste Andrés Vial, sera au Théâtre Petit Champlain le 17 février. La première partie sera assurée par Julien Sagot. Un spectacle impossible à manquer!

C’est au pied du Mont-Royal, dans les locaux d’une ancienne chaufferie alors aménagée en studio d’enregistrement que l’album éponyme des The Barr Brothers, a vu le jour. L’opus, composé de 10 titres, est une mosaïque de folk sublime, de blues déchirant et de rythmes africains extravagants.

JULIEN SAGOT

Percussionniste de Karkwa depuis la création du groupe, Julien Sagot se projette à l’avant-scène avec son premier effort solo. Accompagné de musiciens, l’auteur-compositeur-interprète explore la scène de part sa musique inspirée au son unique. La sortie de son premier album est prévue à l’hiver 2012. En plus d’assuré la première partie des Barr Brothers, il sera également en spectacle au Théâtre Petit Champlain le 3 mai prochain.

Écoutez The Barr Brothers : http://thebarrbrothers.com/music
Écoutez Julien Sagot : http://www.sagot.ca/

The Barr Brothers
première partie : Julien Sagot
Vendredi 17 février, 20 h
Billet : 22 $(taxes et frais de service inclus)
Réservation : 418 692-2631 ou billetech.com

Julien Sagot sur la scène du Théâtre Granada

Julien Sagot, percussionniste de Karkwa, viendra nous présenter les chansons de son premier album solo Piano mal, à paraître en février, en première partie du spectacle de The Barr Brothers, le 25 février au Théâtre Granada

vendredi 13 janvier 2012

La voix d'ébène de Julien Sagot

Sur le site officiel : (écouter y le morceau-titre de l'album)

La voix est grave, les guitares, cendreuses, les tambours, vaporeux. Bienvenue au cœur du premier album solo de Julien Sagot, Piano mal. Percussionniste de la formation Karkwa, l'auteur-compositeur-interprète place enfin à l'avant-plan sa voix d'ébène sur ce disque où se fondent riffs-vortex, pianos romantiques et poésie hallucinée.

Cet effort solo sera présenté aux journalistes et au grand public lors d'une courte performance le 1er février prochain au Cabaret La Tulipe. Une tournée québécoise suivra la sortie de l'album.

Les prochains spectacles : 
Le 1er février 2012 Lancement [La Tulipe] 
Le 17 février 2012 Québec [Petit Champlain] 1ère partie BARR BROTHERS 
Le 22 février 2012 Montréal [Club Soda] 1ère partie BARR BROTHERS 
Le 25 février 2012 Sherbrooke [Théâtre Granada] 1ère partie BARR BROTHERS

jeudi 12 janvier 2012

Une touche frenchy et sombre

Je viens à peine de changer mon agenda « Ministre » (Plus Tomassi que Thériault, mettons) de Quo Vadis pour l’édition 2012 que déjà, les nouveautés CD (et les relationnistes, s’entend) nous font des grands signes. Voici quelques titres francophones qui seront les pierres blanches sur le bord de ma route musicale. (...)


Julien Sagot : le percussionniste de Karkwa lance un disque solo, intitulé Piano Mal. À paraître le 31 janvier, l’album a une touche frenchy et sombre, dans l’esprit de la pièce Au dessus de la tête de Lilijune, sur les Chemins de verre.

Karkwa : Quant au groupe de Sagot, il est théoriquement en pause prolongée, mais un disque en concert est prévu pour les mois à venir. On y trouvera des titres inédits, en théorie. Enregistré à Québec et à Montréal à la toute fin de leur tournée.

Extrait de l'article "Quelques sorties de disques prévues en 2012" Posté par Philippe Papineau, Francophil, le 12 janvier 2012

Frissons musicaux

Julien Sagot : Album en vente le 31 janvier

Après quatre années de concerts et d’enregistrements studio, les membres de Karkwa méritent certainement une pause, mais plus que de se ressourcer, cet arrêt permettra aux musiciens de se faire voir ailleurs. Si le chanteur Louis-Jean Cormier prépare aussi son album solo, c’est celui du percussionniste Julien Sagot, Piano mal, qui atterrira dans nos oreilles en premier. L’offrande réalisée par le guitariste de Patrick Watson, Simon Angell, surprend et rappelle autant Arthur H et Serge Gainsbourg que Portishead ou Ennio Morricone.


Marie-Pierre Arthur : Album en vente le 7 février

Avec le claviériste de Karkwa François Lafontaine à la réalisation, Robbie Kuster à la batterie, Olivier Langevin et Joe Grass aux guitares et des apparitions de Louis-Jean Cormier et Julien Sagot (aussi de Karkwa), Marie-Pierre Arthur compte sur une équipe cinq étoiles pour terminer Aux alentours, un deuxième disque inscrit dans la continuité plus que dans le dépaysement.

Extrait de l'article "Un hiver de frissons" de Olivier Robillard Laveaux, Voir.ca, le 12 janvier 2012

lundi 9 janvier 2012

Julien Sagot en première partie des Barr Brothers

The Barr Brothers sur leur Facebook : "Nous sommes heureux de revenir faire un spectacle à Montréal le 22 février prochain au Club Soda pour le Festival Montréal en Lumière. Julien Sagot (de Karkwa) en première partie ! "

MONTREAL EN LUMIERE

Après des va-et-vient entre New York, Boston et Montréal, de nouvelles rencontres et des retrouvailles d'amis musiciens, les deux frères Barr, Brad et Andrew, originaires du Rhode Island, forment enfin un quatuor complémentaire avec deux autres complices, la harpiste Sarah Page et le multi-instrumentiste Andrés Vial. Leur premier album, The Barr Brothers, oscille harmonieusement entre le folk, le rock et le blues. Après un concert à guichets fermés à La Tulipe et une première partie de Ben Harper au Métropolis, ce groupe coup de coeur s’amène au MEL ! 18,50 $ plus taxes et frais (23,08 $ à 26,58$) thebarrbrothers.com

vendredi 6 janvier 2012

Leonard Cohen et Julien Sagot, sortie d'albums le 31 janvier

PARMI LES SORTIES D'ALBUMS DU MOIS DE JANVIER 

Sorties du 31 JANVIER
Julien Sagot (Karkwa) - Piano Mal [Simone Records]
Leonard Cohen - Old Ideas [Columbia Records]

Extrait de l'article de Benoit Poirier, Bande à Part, Le 6 janvier 2012.

[ Gabnews: Wahoo, les deux albums sortent le même jour, c'est un signe ! :-) ]

jeudi 5 janvier 2012

Médium Large

Ecoutez l'annonce et la critique élogieuse ( à partir de 40 : 27 ) du nouvel album Piano Mal de Julien Sagot dans l’émission du 3 janvier 2012 de Radio-Canada Medium Large : " Il va s'en tirer vraiment avec brio cette année... (en parlant des parutions à venir en 2012) c'est un des très beaux disques " - Marie-Christine Blais  

mercredi 4 janvier 2012

Sortie le 31 janvier de "Piano Mal" de Julien Sagot



Tout comme Louis-Jean Cormier, Julien Sagot, percussionniste du groupe Karkwa, sortira un album solo en 2012, plus précisément le 31 janvier prochain. Intitulé Piano Mal, l’album sera entièrement en français et paraîtra sous l’étiquette Simone Records qui fut fondée par l’équipe de gérance de Karkwa. Simon Angell (Patrick Watson et thus:owls) réaliserait le disque alors que Leif Vollebekk s’occuperaient des arrangements.

Dans le Voir du 19 décembre 2011

mardi 3 janvier 2012

Julien Sagot libraire d'un jour

Julien Sagot de Karkwa : Pourvu que ça bardasse

Leur univers musical s’étale quelque part entre la poésie de Gaston Miron, les ambiances glacées de Sigur Rós et le rock planant de Radiohead. Leur dernier album, Les chemins de verre, leur a valu un Félix, un Juno et le prix Polaris, qui récompense le meilleur disque canadien de l’année. Leur nom: Karkwa. En pleine tournée européenne, un des membres du groupe, Julien Sagot – percussions, chants – a pris le temps de dresser avec nous son portrait par les livres.

Quand il était enfant, en France, Julien Sagot s’endormait au son des récits que lui lisaient ses parents. «Ma mère me racontait énormément d’histoires issues de petits livres, comme Martine à la plage, Martine à la mer… C’est probablement cette tradition qui a développé le goût de la lecture chez moi.» 

Un intérêt précoce qui se heurtera bientôt aux réalités de l’école primaire française, où les lectures imposées transforment ce qui était un plaisir en obligation. «J’étais forcé à lire certains livres, comme Michel Strogoff de Jules Verne, des affaires assez arides qui n’étaient pas du tout ma réalité», déplore Sagot. Exaspéré, il laisse tomber la lecture pour un temps. 

Cette désaffection sera de courte durée. À 13 ans, il quitte Paris pour s’installer à Montréal et redécouvre la joie de choisir ses lectures. Il tombe alors sur L’étranger d’Albert Camus. Le coup de coeur est immédiat. «J’arrivais dans un nouveau pays et je sentais que ce livre et moi, on avait des points communs, se souvient Sagot. Le personnage principal ne comprend pas le monde extérieur et j’avais cette impression, moi aussi, quand j’étais adolescent. Arriver dans un autre pays, ça prend une adaptation. Au climat bien sûr, mais aussi aux gens: il faut comprendre comment ils vivent, ce qui les fait rire… Je me suis vraiment retrouvé dans L’étranger, même dans le titre (rires).» 

Après Camus, le musicien découvre l’écriture surréaliste à travers Les champs magnétiques (Breton) et L’écume des jours (Vian). C’est une révélation: «Cette façon d’écrire, de sentir la vie… c’est un peu comme le jazz, explique Sagot. Un thème revient de temps en temps, mais il y a énormément de liberté. Pour moi, cette écriture, c’était libérateur: personne ne disait comment faire les choses. Ça m’a permis de me faire confiance, de trouver un sens à tout ce que je faisais. Ça m’a vraiment aidé par la suite pour écrire des chansons.» 

Le percussionniste indique qu’il a une propension à revisiter les oeuvres qui l’ont marqué: «J’aime me replonger dans des romans où j’ai l’impression d’avoir manqué quelque chose. Ce sont comme des films classiques: je pourrais les regarder un million de fois et j’aurais toujours cette impression de remplir un vide. Ces livres sont comme de la nourriture.» 

Bien qu’il se soit inspiré d’un roman d’Ahmadou Kourouma – Les soleils des indépendances – pour écrire l’une des chansons du premier album de Karkwa, Julien Sagot note que les sources d’inspiration de son groupe sont multiples: «La lecture est là pour te nourrir, te faire rêver, développer ton monde intérieur, mais l’inspiration vient comme elle vient: de films, d’expos, d’une personne croisée dans la rue… Parfois, ça peut venir d’une chose aussi anodine qu’une vieille brique usée (rires).» 

Lecteur omnivore, Julien Sagot butine généralement du côté des littératures africaine, guadeloupéenne et française: «Je ne lis pas assez québécois, regrette-t-il. Ce sera mon mandat pour mes prochaines lectures.» 

Grand admirateur de Romain Gary, il a été récemment soufflé par La vie devant soi, qu’il n’avait jamais lu auparavant. «Ce livre m’a jeté à terre. Je trouve que ça décrit tellement bien la vie des grandes capitales. C’est tellement touchant… À la dernière page, c’est sûr que tu as les larmes aux yeux», ajoute-t-il. 

 Dans la masse d’oeuvres classiques et de romans denses qu’affectionne Sagot, y a-t-il de la place pour des livres plus légers, des lectures de pur divertissement? «Ça ne m’intéresse pas, tranche le musicien. J’aime l’art qui fait vibrer. Il faut que ça fasse rire ou pleurer, que ça crée une émotion, sinon ça ne vaut pas la peine. J’aime quand ça bardasse. Je n’ai pas de temps à perdre avec des affaires fades.»

Par Benjamin Eskinazi le 2011/12/15, Le Libraire.org