samedi 15 septembre 2012

Heureux comme Ulysse

Son groupe en jachère, le percussionniste Julien Sagot tire de bien différentes flèches de son carquois de solitaire. Mais sur scène, il retrouve un territoire familier où il occupe une nouvelle position. Le centre.

Julien Sagot se penche sur son café, ses Ray-Ban bleues sur le nez, rayonnant dans les lueurs pâles d’un dimanche matin de septembre. "Je suis content de faire de la scène avec le disque. J’aime le stage, déconstruire les chansons, les faire vivre autrement", s’enthousiasme-t-il d’emblée.

Tandis que son comparse de Karkwa, Louis-Jean Cormier, s’apprête à lancer son premier album, Sagot, qui l’a précédé à la ligne de départ, amorce le hiatus du groupe en transposant pour les planches les inquiétantes volutes sonores de son premier essai solo, Piano mal.

"Ce sont des chansons que je voulais comme un rêve", expose le percussionniste qui, ici, joue aussi du piano, de la guitare classique, et passe sa voix, qui parle plus qu’elle ne chante, à travers des filtres qui la trafiquent parfois jusqu’à saturation. "Je voulais que ce soient des univers étranges, et que les textes, qui sont parfois déroutants, puissent nous amener d’un lieu à l’autre dans une même chanson."

Côté sens, l’effet est réussi, et comme dans un songe où une porte mène sur un autre univers et où le décor se dérobe lorsqu’on a le dos tourné, les chansons de Sagot ressemblent à de troublantes poupées gigognes. 

Pour l’oreille, c’est aussi une affaire de décor, de paysages qui alignent autant les fins du monde de musiques concrètes, la joliesse de motifs répétés à la manière d’un trip-hop organique et d’indéniables accointances avec le délire graveleux d’un Tom Waits et le très narratif Cargo culte d’un Gainsboug.

Sur scène, Sagot s’amuse encore à dérouter, à envoyer promener l’auditeur, mais surtout les musiciens qui l’accompagnent.

"La dynamique est complètement différente, se réjouit-il. Avec Karkwa, les choses sont réglées au quart de tour, et du début à la fin, les structures des chansons sont préétablies. Là, j’essaie de nouvelles choses, et je lance volontairement des peaux de banane sur scène pour voir si quelqu’un va glisser dessus. J’aime me mettre en danger, provoquer une certaine instabilité, des surprises."

"Ce sont des chansons très ouvertes, qui permettent justement ce genre de trip, poursuit-il. Dans un groupe aussi créatif que Karkwa, c’est normal: dès qu’on jette les bases d’une chanson, tout le monde a une idée à ajouter, et à la fin, ça donne les pièces denses que tu connais. Et si j’aime beaucoup ce que nous faisons ensemble, là, je voulais donner de l’air aux chansons, faire respirer les structures, en mettre le moins possible."

Sagot lève les yeux, s’étale un sourire sur le visage. Les quelques spectacles récents l’ont rassuré, il prend ses aises, désormais au premier plan, au centre de la scène. Heureux qui, comme Ulysse, rentre chez lui. "Au début, je ne savais pas trop comment faire, mais j’ai vite appris à être frontman. Et j’aime ça! Et puis, je me sens tellement bien sur scène. Je me rends compte que je suis vraiment fait pour ça."

Article de David Desjardins paru dans Voir le 13 septembre 2012 

mardi 4 septembre 2012

Exclaim.ca : " Think Serge Gainsbourg meets Thom Yorke and Angelo Badalamenti in Africa"

Julien Sagot pulled off a showcase of his critically acclaimed album from last year, Piano Mal. His finely wrought balance of soundscapes and progressive pop took a while to find its legs but was in full flight by set's end. Think Serge Gainsbourg meets Thom Yorke and Angelo Badalamenti in Africa. It was impressive to see an opening act called back for an encore.

dimanche 2 septembre 2012

Julien Sagot au FME 2012


J’avais vu Sagot au Zaricot, peu de temps après la sortie de son album. Je l’avais trouvé enfermé dans son univers, peu enclin à rejoindre le public, comme si c’était ce dernier qui devait faire l’effort d’entrer dans le monde glauque que Sagot propose.

Revirement de situation au FME, où il était plus en vie, plus présent. Oh, l’univers est toujours aussi sombre, mais j’ai senti l’envie de partager, d’accueillir son public. Peut-être que le changement de musiciens accompagnateurs y est pour quelque chose.

Extrait de l'article "FME, jour 3 : Des spectacles, des surprises et des rencontres" de Frédéric Mailloux dans Vivre la nuit" le 02/09/2012

vendredi 20 juillet 2012

Julien Sagot plane jusqu'à La Nouvelle Scène

Julien Sagot joue de tout: du piano, des percussions (on l'a connu comme batteur de Karkwa, tapotant sur des bouteilles en verre), de la guitare et même des congas, tout, sauf du violon. «Oui, et heureusement», se réjouit-il à quelques jours de son concert à Ottawa.

Cette fois, à ni oui ni non, le chanteur ne pourrait qu'opiner du chef. Un vilain torticolis lui a ôté la négation. Une aubaine, imagine-t-on, pour interroger l'artiste sur sa première expérience de tournée comme leader de groupe, avec son album solo, Piano Mal, qu'il présentera en concert à La Nouvelle Scène vendredi prochain.

Une chance inouïe pour qui veut le faire parler sur ses projets futurs avec Karkwa. Le silence d'une petite douleur musculaire? Il n'en est rien: «Oui, je pense que Karkwa va continuer. Certainement pas dans l'immédiat, parce que Louis-Jean Cormier va sortir son album en septembre et que chacun fait ses petites affaires. Car je crois que c'est essentiel de se réaliser. Vers la fin, je commençais à ne plus trop savoir ce que j'apportais au groupe. C'est important de se retrouver face à soi-même», confie-t-il, galvanisé par ce voyage en solo dont il dirige le gouvernail auprès de cinq musiciens.

Le mini-orchestre, qui comprend notamment le bassiste de Karkwa, Martin Lamontagne, l'invite à voguer aux quatre vents de l'expérimentation, quitte à s'aventurer dans des zones de turbulences plus ou moins houleuses. Tant que le public embarque...

Sur scène, ils s'amusent, se provoquent, laissent échapper des chansons qui dérivent et les rattrapent au vol, feront découvrir des inédits et des reprises: «Je n'avais pas envie d'avoir toujours un texte et d'y mettre de la musique, selon l'alternance couplet, refrain, couplet, refrain. Non...» Contraction douloureuse.

À l'écoute, Piano mal révèle un univers sonore bien différent de celui de Karkwa, étonnant par ses ambiances planantes et sombres, parfois surréalistes, où le piano prédomine. Une touche noire, une touche blanche, l'univers de Julien Sagot préfère se réfugier derrière le chic de la simplicité rétro plutôt que de frimer dans les couleurs HD de la modernité.

«La couleur, ça a été la pire ennemie du cinéma. C'est trop clair, trop explicite, ça me fait penser à un film porno trash où la fille enlèverait tout d'un seul coup. Si mon concert devait être une image, ce serait certainement une séquence du film 8 1/2 de Fellini. La scène où il se voit au bout d'un cerf-volant», pose-t-il poétiquement dans la conversation.

Plan en contre-plongée, peut-être aussi pour mieux prendre du recul sur sa carrière et «faire le point sur ce qui a déjà été fait». Oublier les déceptions des concerts à Copenhague où il y avait plus de gens sur scène que dans le public. Laisser derrière lui les tournées éreintantes et infructueuses aux États-Unis. Mais attention, à trop jouer du cerf-volant, on finit par avoir mal... au cou!

«Je n'avais plus envie de courir comme une girouette, confie-t-il. Je suis conscient qu'il faut que je fasse mes preuves car je n'étais pas leader de Karkwa. J'apprends juste à voler».
Article de Maud Cucchi, Le Droit, Publié le 20 juillet 2012

jeudi 5 juillet 2012

Julien Sagot : musique contagieuse

L’artiste que je voulais découvrir avec cette première soirée ne m’aura pas déçue. Le percussionniste de la formation Karkwa (actuellement en pause) est venu présenté pour une première fois à Québec son projet « Piano Mal » à l’occasion de l’ouverture du Festival.

Malgré un début un peu redondant, on a vite compris l’intérêt du projet quand Julien Sagot a pris sa guitare électrique pour nous en mettre plein les oreilles. La connivence des musiciens était troublante et simple, Sagot aura donc retenu de son expérience avec Karkwa l’importance de bien s’entourer. Quant à l’influence de la formation sur son projet, on se réjouit qu’elle soit minime, il aurait été dommage que le musicien se borne à faire une pale copie.

Avec « Piano Mal » Sagot exhibe toute sa singularité de musicien et de compositeur. Les textes surréalistes ainsi que l’ambiance sonore qui les accompagne nous rappelle un jeune Alain Bashung alors que le ton grave et nonchalant de la voix du chanteur ne peut que faire écho aux textes parlés de Serge Gainsbourg (particulièrement sur l’album de « l’homme à la tête de chou »)

Une très belle découverte pour les Contagieuses donc, en cette première soirée de Festival.

Extrait de l'article Festival Off / Première partie de Lucie Claire Boutoille, paru le jeudi 5 Juillet 2012 sur le blog "Les contagieuses"



dimanche 10 juin 2012

Julien Sagot: musique ludique

Pendant que Karkwa est en pause, le batteur Julien Sagot nous transporte dans son univers musical.

Julien Sagot ne s'en cache pas, s'il a décidé de profiter de la pause de Karkwa pour lancer l'album Piano Mal, en février 2012, c'est qu'il ressentait le besoin de se prouver de quoi il était capable en solo, et de savoir jusqu'où il pourrait aller musicalement: « Dans Karkwa, Louis-Jean (Cormier, voix et guitare) et François (Lafontaire, claviers) composent la majorité des musiques et des textes. C'est sûr que c'est toujours possible de composer à trois, mais je trouve que c'est plus difficile. Dans un groupe, ça prend un leader, et il faut mettre beaucoup d'eau dans son vin pour arriver à une certaine unité », dit Julien.

Ainsi, au lieu de prendre des vacances bien méritées après quatre albums et de nombreuses tournées avec Karkwa, le multi-instrumentiste originaire de Paris s'est remis à l'ouvrage, en créant un album aux compositions complexes et intenses, qui nous transporte dans un univers aux influences rock, pop et expérimentale, en plus de faire un petit détour par la chanson française. Tout en lui donnant l'occasion d'exprimer sa personnalité musicale, Piano Mal lui a permis de se retrouver en tant qu'auteur-compositeur-interprète: "Quand on joue dans un groupe, on finit par ne plus trop savoir qui fait quoi. On ne sait plus trop ce qu'on apporte à la musique. Le fait de travailler seul ou avec d'autres musiciens sur différents projets permet de se redéfinir et de se recentrer", estime-t-il.

Rêver en musique

Si en terme pratique il n'a pas trouvé difficile d'assumer les rôles de chanteur, guitariste, pianiste et batteur durant l'enregistrement de Piano Mal, Julien avoue que ce n'est pas aussi facile quand il est sur scène: "C'est un défi de chanter en même temps qu'on joue de la guitare ou du piano et il me reste encore du travail à faire", rit-il. Par contre, alors qu'il s'attendait à ressentir une certaine pression en composant les chansons de son album, ça n'a pas été le cas, peut-être parce qu'il ne s'est pas lancé dans le projet en se disant qu'il devait écrire un disque extraordinaire: "Je me suis donné la permission de faire tout ce que j'avais envie de faire. C'était un gros trip personnel, un beau moment avec des chums musiciens. J'avais commencé à écrire des chansons durant les dernières tournées de Karkwa, de sorte que le moment venu de me consacrer à Piano Mal, j'ai ramassé les morceaux et j'en ai fait un disque."

Par l'entremise de Piano Mal, Julien voulait créer un univers musical ludique. Un univers qui laisse place à l'imaginaire, qui donne le goût de rêver et d'aller sur des sentiers qui ne sont pas nécessairement moulés en fonction des courants musicaux à la mode. Le musicien s'est également rendu compte que l'album se défend très bien sur scène: " C'est sûr que ce n'est pas un album de party, mais j'ai beaucoup de plaisir à le jouer live, à donner vie à la bête", mentionne Julien, qui est content de pouvoir le présenter aux Francofolies: "Et je suis content de le faire avec la gang qui travaille avec moi: Martin Lisotte au piano; Martin Lamontagne de Karkwa à la basse; Joseph Perreault à la batterie et Marc Dionne. Je ne dis pas qu'on va mettre le feu aux Francos, mais je pense qu'on peut créer une ambiance particulière."

Le 10 juin 22h, Scène Desjardins, Espace vert Desjardins, Esplanade de la Place des Arts

Photo: Simone Records

dimanche 3 juin 2012

Sagot : l'hypnotisant "Piano Mal"

Je connaissais Julien Sagot en tant qu’ingénieux percussionniste de Karkwa, mais voilà qu’il se lance dans une carrière solo et, croyez-moi, on ne pouvait demander mieux. Je l’ai entendu chanter à Bouillant de culture il y a quelques semaines et je suis réellement tombée sous le charme de cette voix sensuelle.

On le comparera probablement à Arthur H pour son style parlé/chanté/murmuré qui séduit dès les premières notes. Caressant et envoûtant, ce chant se lie à des paroles évocatrices et poétiques, des textes particulièrement courts, mais efficients, placés avec un réel doigté. Les instrumentations sont brillantes, touffues et elles nous enlacent délicatement dans son univers bar/café enfumé où il nous raconte des histoires (Une vieille taupe, Le Trucifier). Parfois plus rock (Les temps des vendanges), on demeure généralement dans un style plutôt sombre, doux et définitivement introspectif.

Il vaut véritablement la peine d’écouter ce disque avec un bon casque d’écoute, afin de saisir toutes les subtilités de ces arrangements qui sont particulièrement jouissifs. On y saisit tous les détails infinis qui font partie de cette véritable courtepointe musicale que nous tisse Sagot. C’est très beau et on en redemande.

Une écoute à faire au plus vite. Et surtout, on va le voir en spectacle aux Francofolies le 10 juin prochain à 21 h (Scène Desjardins).

Bande à part qualifie l’écoute “d’hypnotisante

Article publié le 3 juin 2012 · Par Myriam sur "Ma mère était hipster"

dimanche 29 avril 2012

Piano mal, Sagot bien


Pendant que le groupe Karkwa prend une pause salutaire pour reprendre des forces, Julien Sagot a suivi le fil de son inspiration pour créer les chansons d'un premier album solo, Piano mal.

Il interprète les chansons Février et Les squelettes.

Ecoutez ici sur Radio-Canada :
  • Février
  • L'entrevue avec Julien Sagot.
  • Les squelettes
Publié le samedi 28 avril 2012

dimanche 22 avril 2012

Sagot à La Tulipe : Expérience réussie


Critique Vendredi 20 avril 2012 – La Tulipe (Montréal)

La carrière solo de Julien Sagot – autrement percussionniste de Karkwa – franchissait une nouvelle étape importante avec sa rentrée montréalaise au cabaret La Tulipe, rue Papineau à Montréal. Le public pouvait enfin découvrir quelle forme prend l’univers somptueux et mystérieux de Piano Mal sur scène…

Premier vrai gros concert pour Julien Sagot, donc, en tant que capitaine du bateau. Avec un seul album en poche, on pouvait s’attendre à un concert assez court, ce qui n’a pas vraiment été le cas. Un peu plus d’une heure pour un premier show solo, c’est plutôt respectable.

Pour ce faire, Julien Sagot a inséré au milieu du set une reprise d’une chanson méconnue de François Béranger, Les Squelettes – tout à fait complémentaire à l’univers de Sagot -  ainsi qu’une version électrifiée et accélérée de Pili Pili, qu’il avait composée et enregistrée avec Karkwa (sur Les Tremblements s’immobilisent), au rappel.  Bien que pratiquement méconnaissable, cette dernière était bien intéressante et faisait foi de l’inventivité de Sagot et de ses musiciens en matière d’arrangements.

Pour le reste, toutes les chansons de Piano Mal ont été interprétées, dans un ordre plutôt ingénieux qui nous conduit à une finale très satisfaisante (Le Temps des vendanges et Château Rouge).


Volatile et enivrant

Entouré de Marc Dionne à la guitare, Martin Lamontagne à la basse, Martin Lizotte aux claviers et à la voix et Joseph Perreault à la batterie, Sagot brode autour de ses compositions, allongeant certaines pièces et dévoilant un pan plus volatile, imprévisible et certes fascinant de ses chansons.

Avouons tout de même que, sans être hermétique, la proposition sur scène n’est pas ce qu’il y a de plus accessible. Les envolées électriques et les introductions noise créent un fin brouillard entre le spectateur et ce qui se passe sur scène. L’auditeur peu familier avec le contenu de Piano Mal devait peiner à trouver des points de repères. Mais pour l’initié, l’expérience du concert ajoute une dimension toute autre à notre rapport à Sagot et sa musique.

Toutefois, c’est là où le charisme de l’artiste devrait servir de pont avec l’auditoire. Ses interventions, un peu brouillonnes, pourraient contribuer grandement à nous faire pénétrer dans sa bulle. Sans doute un brin intimidé par l’expérience ou, peut-être par moments, trop absorbé par les jams entre musiciens, Sagot fixait souvent le sol, comme un vieux réflexe de percussionniste qui oublie qu’il est désormais le centre d’attention sur scène.

En tout cas, son interprétation, tout comme celle de ses musiciens, ne manquait pas d’assurance. Au contraire, on les sentait investis, s’éclatant dans les moments musicaux aux multiples degrés d’intensité.

La voix rauque et basse de Sagot rappelle encore plus Arthur H que sur disque, bien qu’elle soit parfois un peu étouffée. Les ingénieux ajouts d’une seconde voix plus haute que l’on retrouve sur disque sont reproduits ici par Martin Lizotte, dans la plupart des cas. Ceux-ci manquaient parfois de volume, notamment sur Les Champs de coton où la voix de tête rehausse habituellement les « refrains », mais pas tant hier.

Tout de même, pour une première rencontre avec un univers aussi touffu que celui de Sagot tout en étant bien distinct de ce que proposait Karkwa, l’expérience est réussie. Il sera d’autant plus intéressant de voir tout ça évoluer avec le temps.

Grille de chansons
1. S.O.S. Panda
2. Trucifié
3. Piano Mal
4. Qui
5. Les Champs de coton
6. Février
7. Les Squelettes (reprise de François Béranger)
8. Palissade
9. Une Vieille Taupe
10. Le Temps des vendanges
11. Château Rouge
Rappel
Pili Pili (chanson de Karkwa)

Publié le 21 avr. 2012 par Marc-André Mongrain, Sors-tu.ca

samedi 14 avril 2012

Atuvu Julien Sagot en spectacle

La voix est grave, les guitares, cendreuses, les tambours, vaporeux. Bienvenue au cœur du premier album solo de Julien Sagot, Piano mal. Percussionniste de la formation Karkwa, l’auteur-compositeur-interprète place enfin à l’avant-plan sa voix d’ébène sur ce disque où se fondent riffs-vortex, pianos romantiques et poésie hallucinée. 

Parisien d’origine, Julien Sagot arrive au Québec à l’âge de 13 ans. Son enfance sera marquée au sceau du chant choral, qu’il pratique pendant plusieurs années. Il se découvre une passion pour la percussion en participant aux Tam-tams du mont Royal. Musicien autodidacte, il apprivoisera ensuite la guitare et le piano. Il se liera d’amitié avec le pianiste François Lafontaine. Le groupe Karkwa se forme, foule les scènes du Canada et de la France et devient un des principaux porte-étendards du nouveau rock québécois (notamment récipiendaire du prestigieux prix Polaris, décerné au meilleur album canadien, en 2010).

Piano mal, son premier album solo lancé au moment où les membres de Karkwa s’offrent une pause afin d’explorer de nouveaux horizons, est l’occasion de s’immerger réellement dans l’univers unique de l’auteur-compositeur-interprète. Sagot se dit influencé par la poésie surréaliste et par l’art contemporain. On a bien hâte de voir ce qu’il nous réserve avec les versions live de ses chansons. Sagot sur scène, c’est à ne pas manquer au La Tulipe le 20 avril !

www.sagot.ca

Article paru sur Atuvu.ca

vendredi 6 avril 2012

Sagot en tournée et à la radio

Julien Sagot (Karkwa) en tournée pour présenter son album solo «Piano mal»

Julien Sagot
présentera la version live de ses chansons à La Tulipe le 20 avril prochain. La rentrée montréalaise arrive un peu plus de deux mois après la parution de Piano mal, son premier disque solo. Il foulera aussi les planches du Théâtre Petit Champlain de Québec le 3 mai.

Sur scène avec lui : Martin Lamontagne à la basse, Marc Dionne à la guitare, Martin Lizotte aux claviers et Joseph Perreault à la batterie. Piano mal est l’occasion pour le percussionniste de Karkwa de laisser de côté les percussions et de placer à l’avant-plan sa voix grave. L’auteur-compositeur convie à un voyage ou se côtoient poésie hallucinée et histoires truculentes, l’occasion de s’immerger dans un univers unique.

Sagot à la radio

La chanson titre, Piano mal se fait entendre sur les ondes. Elle a d’ailleurs fait une entrée remarquable dans le Top 100 Correspondants avec un bond de 53 positions. Les chansons de Sagot flirtent aussi avec le Top 5 des radios communautaires et universitaires. C’est à surveiller !

Rentrée montréalaise de Julien Sagot

Le 20 avril 2012 – 20h
La Tulipe (4530, rue Papineau, Montréal)

Le 3 mai 2012 - 20h
Théâtre Petit Champlain (68, rue du Petit Champlain, Québec)

Pour connaître toutes les dates de concerts rendez-vous à www.sagot.ca

Par mediameriquat, Patwhite.com, le 5 avril, 2012 

jeudi 5 avril 2012

En 10 questions avec Julien Sagot

Julien Sagot sera en spectacle à la Galerie d art du Vieux Sainte-Rose, le 6 avril prochain. (Photo Collaboration spéciale)

On avait l’habitude de voir Julien Sagot devant ses percussions. Le voilà propulsé à l’avant-scène. Le membre du groupe Karkwa sera de passage à la Galerie d’art du Vieux Sainte-Rose, le 6 avril, pour présenter son tout premier album solo. Un album fait sans prétention et en toute liberté. 

1- Pourquoi avoir choisi de faire un projet solo?

C’est quelque chose que j’avais envie de faire. Karkwa est en pause depuis l’an dernier. Mais il faut bien que je gagne ma vie entretemps. Plutôt que de travailler simplement pour travailler, j’ai choisi de faire ce dont j’avais envie.

2- Tu avais commencé à songer à ce projet avant la pause de Karkwa?

Je l’avais en tête c’est sûr. Mais les dernières années ont été tellement bonnes pour le groupe. Nous étions complètement dédiés à notre projet collectif. Alors, ce n’était pas ma priorité. Ensuite, j’ai pris le temps de bien le faire. Ça aurait été médiocre si j’avais écrit le disque en une semaine.

3- Tu n’étais pas l’auteur principal de Karkwa, mais tu as quand même composé quelques pièces. C’est plus simple d’écrire pour ton album solo que pour un groupe?

Pour moi, oui. J’avais de la difficulté à écrire pour Karkwa. Je ne compose pas du tout comme François ou Louis-Jean. C’est peut-être de l’égoïsme, mais je n’arrivais pas à écrire des chansons qui représentaient bien l’ensemble du groupe.

4- Piano Mal est ton premier album à titre d’auteur-compositeur-interprète. Ressentais-tu une certaine pression en le faisant?

Que ça plaise ou non, ça ne m’empêchera pas de dormir. Je voulais surtout me faire du fun avec ce disque-là. Je ne voulais pas être dans un concept commercial ou préfabriqué.

5- Comment décrirais-tu ton album?

C’est un disque que tu prends un peu comme un livre. Je ne crois pas qu’il s’écoute et s’apprécie en vitesse. Tu l’écoutes du début à la fin et tu découvres un univers où tout se suit.

6- Ta tournée de spectacles s’amorce et tu te retrouves maintenant à l’avant-scène. Comment vis-tu cela?

Il y a encore un petit peu de nervosité. Je n’ai pas eu beaucoup d’occasions pour me faire les dents encore. Je dois apprendre vite. Mais jusqu’à maintenant, c’est super.

7- Tu sembles aborder cet album avec beaucoup de modestie, malgré ta longue feuille de route avec Karkwa. Pourquoi?

On est tout le temps débutant. On apprend tous les jours. L’important, c’est être ouvert. Des fois, ça nous amène à faire de belles erreurs.

8- À quoi peut-on s’attendre pour ton spectacle?

Ça va être trippant. C’est une petite salle, ce qui est bien. Mon disque est un disque d’intérieur. Un disque hivernal. Les ambiances intimes se prêtent bien à cela. Je serai accompagné de quatre musiciens. Je vais sûrement jouer de la guitare et du piano.

9- Parlons du piano justement. Ton disque s’intitule Piano Mal. C’est un instrument important pour toi?

Oui. C’est l’instrument sur lequel je compose. Le piano m’a toujours accompagné dans la vie. Quand j’étais plus jeune, il m’apportait un certain réconfort.

10- Et qu’en est-il de la suite? Peut-on s’attendre à un retour de Karkwa? Penses-tu déjà à un deuxième album solo?

C’est certain que je veux faire d’autres albums, j’ai eu la piqûre. Pour ce qui est de Karkwa, seul l’avenir le dira. Nous sommes tous dans nos projets en solo. J’ai bien hâte de voir ce que Louis-Jean [Cormier] va faire comme projet, entre autres. Est-ce qu’on va être tous au même diapason après? On verra.

EN RAFALE…

Votre âge : 33 ans
Pays d’origine : France
Situation familiale : Il a une petite fille qui adore les nouilles au beurre.
Musique : Connan Mockasin
Cinéma : 8 ½ de Fellini
Livres : Le soleil des indépendances d'Ahmadou Kourouma et Les trésors de la mer Rouge de Romain Gary

Actualités culturelles - Publié le 4 avril 2012 

mercredi 4 avril 2012

Salut Sagot !


En prévision de son prochain spectacle à la Galerie d'art du Vieux Saint-Rose, j'ai rencontré le percussionniste de Karkwa qui a récemment lancé son album solo. Julien Sagot a répondu à mes questions sur son excellent travail, qui berce mes oreilles depuis quelques semaines.

Depuis combien de temps avais-tu en tête de faire un projet solo?

Je ne pense pas que c'était prévu. C'est-à-dire que je ramassais des petits bouts de chansons sur le coin d'une table. Pour moi, c'était plus un trip personnel. Je n'avais pas vraiment l'idée de faire un album. C'est arrivé quand on a décidé de faire un break avec Karkwa dans la dernière année et c'était un moment idéal. Mais je peux dire que ça fait maintenant deux ans que je travaille là-dessus. Je suis arrivé en studio et il me manquait peut-être deux ou trois chansons, mais à partir de là tout s'est fait très rapidement. Une fois que j'ai dit « OK, je vais faire un disque », ça devient une chose sérieuse. Si je veux faire un album dans de belles conditions, c'est sur que ça va coûter un peu d'argent. C'est, soit tu le fais à fond ou soit tu ne le fais pas. J'ai dû prendre la décision de faire l'album avec tout ce qui venait avec : les entrevues et le côté commercial.

Étant habitué d'être avec ton groupe, avais-tu quelques craintes en partant ton projet solo?

Mets-en! C'est sûr! C'était surtout le défi du frontman et d'avoir tout le projet à porter sur mon dos qui m'inquiétait. J'avais surtout une crainte par rapport à l'organisation du personnel, parce que moi, je suis très mauvais pour organiser (rire). Ça ne fait pas longtemps que je réponds à mes courriels et par la même occasion, que je suis à mon affaire. C'est pour ça que j'étais bien derrière Karkwa, à juste me pointer aux spectacles ou écrire une chanson ici et là.

Il y a une très belle ambiance sur ton album. C'était quoi ta méthode de travail pour arriver à ce résultat?

J'y vais beaucoup d'une façon esthétique au niveau de la résonance, bien plus que le sens. J'aime comment un mot sonne. J'utilise plus les mots comme un instrument. Je ne fais pas des musiques complexes non plus, elles sont assez aériennes. Le tout est beaucoup habillé dans l'effet sonore. Moi, j'écoute de tout. J'aime le jazz, le punk, plein de styles. Je suis toujours en train de chercher des musiques et des sons, autant dans la musique contemporaine que le pop. Je n'arrive pas à me trouver une place dans un monde.

Dans l'écriture, je m'aperçois que j'aime beaucoup la fuite. Les écritures sérieuses ou de quotidien, ça m'ennuie. L'avenir me fait un peu peur et donc, je suis plus porté à me sauver du quotidien et à raconter des histoires qui n'ont ni queue ni tête. Je trouve qu'on manque un peu d'air dans notre société, donc j'ai vraiment besoin de me changer les idées. Il faut que je me passe la tête dans le tordeur pour me faire shaker le cerveau, sans utiliser la consommation de narcotiques ou autres substances (rire)!

Tu es très inspiré par le surréalisme. As-tu utilisé l'écriture automatique pour ton album?

J'en ai fait pour Piano mal. C'est la chanson où j'ai vraiment  fait de l'écriture automatique d'un bout à l'autre. Je suis content du résultat. En même temps, ça a plein de sens pour moi. Même dans ce que j'écoute comme musique je ne cherche pas nécessairement le premier degré. Je vais toujours au deuxième et même au troisième degré. J'aime laisser des bouts à l'auditeur et qu'il prenne ça en charge. J'aime bien faire travailler le monde, ça doit être un côté paresseux (rire)!

On peut se l'avouer, ton album ne jouera probablement pas sur les ondes des radios commerciales. Est-ce que ça t'offusque?

Ah non! Je savais que ça ne marcherait pas de ce côté-là. De toute façon, il n'y a plus rien qui passe à la radio commerciale. Je pense que la radio a décidé de bouder et de prendre une décision un peu étrange, que je ne comprends pas du tout. Je n'ai pas l'impression qu'on a une vision d'artistes de l'avenir au Québec. Autant dans les arts qu'en politique, on a vraiment une vision à court terme. On a des produits et des politiques efficaces pour aujourd'hui seulement. Mais demain ce n’est pas grave, on brûle nos ressources et on prend tout ce qui a à prendre. Mais, ce n'est pas parce que c'est populaire que ce n'est pas de qualité. À l'époque, Stevie Wonder c'était super commercial! Les radios et les chaînes supposées de faire la diffusion de projets artistiques ont comme mandat les cotes d'écoute et ce que les gens veulent écouter. Mais si on attend après les gens, ce qu'on aura sera très pauvre. C'est un peu dommage.

Est-ce que tu t'es gardé des limites en faisant ton album? Aurais-tu pu être encore plus fou?

Au niveau de mes connaissances, je suis allé au bout de ce que je pouvais faire. Plus fou, peut-être, oui. Mais plus commerciale, je ne sais pas. Je ne crois pas. Mais en même temps, il y a des choses que j'aime qui sont vraiment pop et même quétaines! J'ai de la misère à définir ce qui est populaire ou ce qui est underground. Je n'arrive pas à déterminer la marge entre les deux. C'est un peu bizarre de toujours vouloir classifier l'art. Je ne prends pas mon crayon pour me demander si je vais être assez expérimental, par exemple. Ça vient comme ça, et après on construit avec ce que ça donne.

Je sais que tu as collaboré avec Leif Vollebekk et Simon Angell, le guitariste de Patrick Watson. Pourquoi cette collaboration?

Parce que je les respectent énormément comme musiciens et qu'ils sont accomplis. Ils ont fait leurs albums et donc, ils ont atteint une belle maturité à ce niveau. Je me sentais en sécurité d'aller en studio avec ces deux gars-là. On était en business, comme on dit, j'étais dans ma Cadillac (rire).

Quand tu étais avec Karkwa avant ton album solo, est-ce que tu te sentais restreint?

C'est sûr que c'est une autre approche. Mais, je n'ai jamais senti que j'étais restreint avec Karkwa, car je marchais beaucoup par automatisme. C'est-à-dire que j'ai réalisé que j'embarquais facilement dans un camion pour les tournées. C'était tellement un tourbillon, Karkwa, où penser à autre chose était plus ou moins une option. Toute la tournée et les prix qu'on a gagnés, c'était un peu hypnotisant. Je ne pensais même pas au jour où il y aurait un temps d'arrêt comme en ce moment. J'ai appris beaucoup avec Karkwa. Si mon album sonne plus ou moins comme cette musique-là, c'est que Karkwa n'est pas loin de moi et de mes influences. Il y en a qui vont dire que ça ne ressemble pas du tout, mais je trouve qu'il y a une affinité quand même.



Tu as intitulé ton album Piano mal. Je sais que tu t'es inspiré d'une œuvre de Joseph Beuys, qui s'appelle Infiltration homogène pour piano à queue. Pourquoi cette image en particulier?

Je ne sais pas, ça a réveillé quelque chose en moi. Le piano a toujours été un instrument qui m'a bercé. Il y a toujours un piano chez un oncle, une tante ou pas trop loin. Le piano m'a réconforté même à l'adolescence ou quand j'étais troublé, c'était thérapeutique pour moi. Quand j'ai vu ce piano recouvert d'un grand feutre avec le signe de la croix rouge, je trouvais qu'il y avait un lien avec mon sentiment pour cet instrument. L'image couvre l'objet d'une couverture protectrice. J'ai découvert Joseph Beuys il y a à peu près deux ans et j'ai capoté sur tout ce qu'il faisait!

Ton spectacle avec la Scène 1425 a lieu le 6 avril prochain! On peut s'attendre à quoi pour cette représentation?

Heu... Comment est-ce que je vais faire?... (rire) Je vais faire les chansons du disque, mais plus étirées. Il va y avoir des moments un peu plus libres. Je vais essayer de me lancer dans des histoires d'ambiance. Ça va être assez tranquille quand même. De toute façon ce n’est pas un disque de danse, c'est plus de la musique d'intérieur et hivernale on peut dire (rire). Par exemple, vous pouvez y aller à n'importe quel âge. Ce n'est pas un show de pépères non plus (rire)!

* * * * *
Je vous le confie, je ne me détache plus de cet album. De découvrir que son créateur est une personne si attachante, je ne m'en trouve que plus réjouie! Vous pouvez vous procurer son disque directement sur son site Internet. Ne manquez surtout pas son spectacle à Laval, le 6 avril prochain. Bon show! 

Auteur: Catherine Dupras, Scène1425, date: Mardi 3 avril 2012

Photographies: Cindy Boyce

lundi 2 avril 2012

Entrevue de Julien Sagot en Montérégie !

Le percutionniste du groupe Karkwa, Julien Sagot, vient tout juste de lancer son premier album solo. Il présentera quelques pièces de "Piano Mal" ce mercredi, au Cabaret Zaricot. Voici l'entrevue réalisée avec cet auteur compositeur interprête talentueux qui vous fera passer une soirée poétique... 

Pour plus de détails sur la carrière de Julien Sagot : sagot.ca

Pour l'achat de billets : lezaricot.com

Paru sur Boom FM 4-2-2012,

vendredi 30 mars 2012

Sagot au Vieux Sainte-Rose le 6 avril

C’est le 6 avril que la filiale lavalloise de la Scène 1425 ajoutera la Galerie d'art du Vieux Sainte-Rose à ses lieux de diffusion en y présentant un concert intime de Sagot, le percussionniste de Karkwa depuis la création du groupe. 

Première visite

Ainsi, Julien Sagot se projette désormais à l'avant-scène avec un premier effort solo. Accompagné de musiciens, le Parisien d’origine use de son propos ludique et de sa voix grave sur son premier album solo, Piano Mal, entre guitare, piano et percussions.

L’auteur-compositeur-interprète aime s’inspirer autant des relations humaines provoquées par les hasards que par la poésie surréaliste et l’art contemporain, peut-on lire sur le site Internet dédié à sa carrière.

La Galerie du Vieux Sante-Rose est située au 216, boulevard Sainte-Rose. Information sur les spectacles de la Scène 1425: 450 667-2040 ou scene1425.com.

Publié le 30 Mars 2012 Benoit LeBlanc, Le Courrier de Laval

samedi 25 février 2012

Sagot à Studio 12

Entre l'ombre et la lumière : Simon Angell et Julien Sagot 
Olivier Langevin est l’homme de confiance de Mara Tremblay, de Vincent Vallières et de Fred Fortin. Celui à qui ils confient leurs chansons, celui qui les épaule pendant une étape de la création, celui qui signe la réalisation de leurs albums. C’est donc dire que vous connaissez Olivier Langevin, peut-être même sans le savoir ou peut-être l’avez-vous vu sur scène, penché sur sa guitare, en plein solo. C’est un joueur étoile de l’indie rock québécois. (...)

Olivier a invité Julien Sagot, de Karkwa, à présenter une chanson de son premier album solo, Piano mal. Sa voix, déjà entendue sur Les chemins de verre, de Karkwa, est caverneuse (Marie-Pierre Arthur la qualifie « d’outre-tombe ») et sied bien l’atmosphère intrigante qui se dégage de cet album réalisé par Simon Angell (Patrick Watson). J’ignore si Julien Sagot se sent libéré de quelque chose, mais il semble heureux et léger. Son rire est particulièrement jouissif. Entre Sagot et Langevin (c’est comme ça qu’ils s’appellent), on devine une grande camaraderie et un grand respect. Même si le soir de l’enregistrement, Julien assurait la première partie du spectacle des Barr Brothers au Club Soda, Olivier a insisté pour qu’il soit présent. On a donc devancé de deux heures l’enregistrement de l’émission. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour la musique?

Extrait de "Galaxie : entre la lumière et le bruit" publié le Vendredi 24 février 2012 par Rebecca Makonnen, Studio 12, Radio Canada


La Chance du musicien

Discussion autour d’un thé avec Julien Sagot, percussionniste de Karkwa et auteur-compositeur-interprète ayant fait paraître son premier album solo, Piano mal, le 31 janvier dernier.

La pause de la formation Karkwa a été l’élément déclencheur pour l’inciter à voler de ses propres ailes. Au sujet des rumeurs de séparation : « Dans mes premières entrevues, des fois je parlais de Karkwa au passé, parce que j’essayais de me construire à travers mon album et d’aller de l’avant avec mon disque ». 

Que les inconditionnels du groupe se rassurent : « Quand on aura le goût de faire un disque ensemble, on va se rappeler, pis ça va être super le fun ! ».

Sagot, qui veut « toujours faire de la musique, toujours faire des disques », affirme simplement, à  propos du métier de musicien : « On est chanceux ». Entouré d’une équipe de rêve (Leif Vollebekk aux arrangements et Simon Angell, collaborateur de Patrick Watson, à la réalisation), le musicien a pu laisser libre cours à son audace. Évidemment, la visibilité offerte par Karkwa a permis de faire un album plus expérimental, fidèle à ses ambitions artistiques.

Ses influences, variées, vont de l’art conceptuel à Philippe Katerine (surtout ses premiers albums) en passant par le surréalisme d’André Breton et de Boris Vian. Il est également amateur de jazz, de blues et des musiques de Connan Mockasin et de Marvin Pontiac.

La guitare et le piano sont, par ailleurs, ses instruments de prédilection au moment de composer. Ce dernier, dont il parle avec passion, est « un orchestre en soi. C’est la plus belle machine de course ». En studio, il enregistre d’abord le squelette du morceau, avec ces instruments harmoniques et la voix. Puis, il allonge certains passages instrumentaux et ajoute instruments et effets sonores, pour « ouvrir » les chansons. En fonctionnant ainsi par addition, rien n’est superflu; donner de l’oxygène à la musique et au texte est une priorité.

Quoi ? Piano mal
Qui ? Julien Sagot
Où ? Théâtre Petit Champlain
Quand ? Jeudi 3 mai


Crédit photo : Benjamin Jébrak

«Piano mal» de Julien Sagot: du talent à revendre

Percussionniste de Karkwa et Français d’origine, Julien Sagot, à l’heure où sa formation maîtresse se retire pour une période indéterminée, revient à la charge avec Piano mal, un projet solo décoiffant et d’une nature plus personnelle.

Le chant rauque de l’auteur-compositeur-interprète, que l’on n’entendait qu’à l’occasion sur les mélodies de Karkwa, alterne la chaleur naturelle de Stefie Shock et la raideur somatique des mélodies sombres de Yann Tiersen, surtout sur le très expérimental «Dust Lane». Musicalement parlant, Piano mal, dont le titre évoque une sculpture de l’Allemand Joseph BeuysInfiltration homogène pour piano à queue»), fait montre d’une grande expressivité au niveau de l’orchestration et de la recherche stylistique et poétique. Cet album est certes plus personnel, mais néanmoins influencé par l’éclatement psychédélique de Pink Floyd, le surréalisme (courant artistique défini par André Breton dans la première moitié du XXe siècle) et les différents concepts littéraires (écriture automatique, cadavre exquis).

Sagot s’est en effet distancié de l’écriture karkwaienne (l’amour, la pauvreté, la mort, etc.) – réflexe tout à fait normal par ailleurs – pour se concentrer sur une poésie davantage personnelle, instantanée et bucolique («Le temps des vendanges», «La vieille taupe»). Et c’est probablement la raison pour laquelle Piano mal a été autant acclamé par la critique lors de sa lancée au La Tulipe le 1er février dernier. La chanson «Le trucifié», en ouverture, met de l’avant des arrangements éclatés et épars (distorsion dans la voix, murmures gutturaux, tambours aléatoires, notes de guitare et de piano résonnant presque au gré du hasard), alors que «La vieille taupe» s’apparente davantage à une fable chantée, avec son humour noir et sa rythmique sautillante. L’espace-temps entre les chansons est difficile à cerner, car le percussionniste de Karkwa s’est largement amusé avec les registres en jonglant avec la musique rock, acoustique, expérimentale et poétique.

Ce premier album solo, à travers lequel on reconnaît les qualités du chanteur folk montréalais Leif Vollebekk et du guitariste-réalisateur Simon Angell (Patrick Watson, Thus:Owls), est l’interlude parfait en attente des grandes retrouvailles. Pour l’heure, longue vie, Sagot.

Appréciation: *** 1/2

Julien Sagot
«Piano mal»
Simone Records

Écrit par Éric Dumais le 24 février 2012 dans la Bible Urbaine

mercredi 22 février 2012

Jean Leloup meets Tom Waits

Julien SagotPiano Mal Julien Sagot has always been known as the guy in back during Karkwa shows. While his band is on hiatus, he offers « Piano Mal », the first solo record to emerge from members of Karwka. Dark and experimental, Sagot brings back his French roots through these ten songs. Jean Leloup meets Tom Waits

Official website : http://sagot.ca/

Posted by JE on nxew.ca 22 feb/12

Incroyablement riche et velouté

Suivant de fausses rumeurs que le célèbre groupe Karkwa (le premier groupe de langue française à remporter un prix Polaris) s’était dissous, un de ses percussionnistes et membres fondateurs, Julien Sagot a fait paraître son premier album solo intitulé Piano Mal le 1er février 2012 chez Simone Records. Je dois avouer que je ne savais pas trop à quoi m’attendre, n’étant familier qu’avec son travail au sein du groupe Karkwa.

Rapidement, Sagot nous transporte vers des paysages musicaux trop peu fréquentés. Des gros accords ouverts, disjoints et lents au piano s’opposent par moment à des petits coups de guitare rapides et secs. La sonorité de l’album crie Montréal, Paris, mais aussi un désert du Far West américain. Les mêmes genres de textes poétiques et réfléchis qu’on retrouve chez Karkwa sont aussi présents dans Piano Mal. C’est la précision des mots qui règne dans ce style d’écriture moelleux et précis.

Si certaines chansons sont lentes et éclatées, d’autres sont très rythmées et linéaires. Or, même l’oreille développée a du mal à déterminer comment l’artiste vient à bout de créer ces véritables voyages sonores, elle n’a pas l’impression de s’y perdre. Chaque son, chaque note, chaque effet sont recherchés, et aucun d’entre eux n’est utilisé de façon abusive. À tout ça, on ajoute la (superbe) voix rauque de Sagot et on obtient un produit incroyablement riche et velouté.

Bref, pour le mélomane, cet album aux textures parfois rudes, parfois lisses; aux sonorités parfois chaudes, parfois froides, est un incontournable du milieu musical actuel.

dimanche 19 février 2012

Très, très intéressant !

Julien Sagot
Piano Mal

Le percussioniste de Karkwa a eu l’excellente idée de s’éloigner de sa job de jour pour produire son premier album solo. Piano mal se situe effectivement assez loin du « gros son » de Karkwa mais en a conservé l’aspect original. D’origine française, Sagot la joue d’ailleurs à la façon des auteurs-compositeurs français contemporains tels Thomas Fersen ou Arthur H pour ce qui est de la livraison de la majorité des chansons. Très, très intéressant!

Paru le 7 février 2012 le 9 février 201 dans les nouveautés musicales par Burp Musique, cinéma, livres, télé et toutes ces sortes de choses.

samedi 18 février 2012

Après Karkwa, un projet solo pour Julien Sagot



Le percussionniste de Karkwa profite de la petite pause que s’est offert le groupe pour sortir son premier projet solo. Julien Sagot profitera de son passage au Théâtre Granada, le 25 février (en première partie de Barr Brothers) pour présenter quelques pièces de Piano Mal

Passionné de musique, Julien Sagot poursuit son processus de création, passant de percussionniste à auteur-compositeur-interprète. Avec son premier album solo Piano Mal, l’artiste entremêle la chanson française et le rock. « Tout comme avec Karkwa, ce projet a été fait dans un but de faire de la musique, de réaliser des projets et de créer un produit différent. En étant seul, je ne peux pas me cacher derrière personne. C’est encore nouveau pour moi et j’ai tout à apprendre », souligne Julien

Celui qui signe la totalité de l’album, à l’exception de deux collaborations, a maintenant pris goût à l’aventure en solo, mais ne compte pas pour autant quitter ses musiciens complices de Karkwa. « J’ai envie de continuer à triper et à faire des shows. Karkwa et Julien Sagot ne rentrent pas du tout en conflit. Il s’agit de deux processus de création. » 

Une carrière inattendue 

Même s’il ne vient pas d’une famille de musiciens (ses parents sont commerçants) Julien a toujours baigné dans l’univers de la musique et de la culture en général. Il a cependant joué ses premières notes à la guitare qu’à l’âge de quatorze ans. Pensait-il un jour faire carrière dans la musique? Pas du tout, répond Julien

« Je ne pensais pas un jour gagner ma vie avec la musique. Quand j’ai commencé à jouer de la guitare, ce n’était que pour m’amuser. Encore aujourd’hui, ce n’est pas sérieux tout ça. Avec Karkwa, on a commencé à prendre les choses au sérieux lorsqu’on a réalisé qu’il y avait un véritable intérêt de la part du public. Mais je n’avais jamais cru être capable de vivre de la musique. J’espérais, quelques fois, mais ce n’était qu’un rêve », raconte celui qui a reçu avec ses confrères le prix de musique Polaris 2010 (meilleur disque canadien des douze derniers mois) pour l’album Les chemins de verre.

Par Cynthia Dubé, Spectacles - Publié le 17 février 2012 dans le Journal de Sheerbrooke

vendredi 17 février 2012

Chef-D'Oeuvre du Mois de Janvier 2012


Impossible de passer à côté de Piano Mal, l’album solo de Julien Sagot, percussionniste et à ses heures chanteur pour quelques pièces de Karkwa, un impressionnant premier enregistrement s’il en est un!

On l’a connu pour les pièces Pili-Pili et Au-dessus de la Tête de Lilijune qui ressortaient du lot et qui détonnaient de la voix de Louis-Jean Cormier, si bien qu’on le sentait cantonné dans un projet qu’il n’était pas tout à fait le sien. Maintenant dans un projet beaucoup plus personnel, Julien nous arrive avec un album tout en relief, riche autant vocalement qu’au niveau instrumental, puisque Piano Mal est tout sauf un enregistrement qui se concentre uniquement sur une seule facette, un brin mélancolique, certes, mais loin d’être déprimant pour autant.

Sagot, de sa voix chaude et profonde nous susurre une poésie sombre avec son accent qui fait bien plus européen qu’autre chose. Le bonhomme est bien entouré, avec Simon Angell, guitariste de Patrick Watson et de la formation suédoise Thus:Owls, avec son approche singulière, qui donne une atmosphère de western spaghetti et de Leif Vollebekk, avec son organe vocal et ses talents de multi-instrumentistes, ajoutent énormément à l’ambiance globale du disque.

C’est certain qu’on peut tracer des liens avec les débuts de Jean Leloup, jusqu’à un certain point, surtout pour l’accent, mais c’est beaucoup plus musicalement aventurier avec des structures de pièces pour oreilles averties. Rien qui ne surprendra nécessairement les amateurs de Karkwa, mais il y a quelque chose sur le disque Piano Mal qui se distingue suffisamment de ces derniers pour donner un album rafraîchissant.

Visiblement, les gars s’en sont donnés à cœur joie en studio et ils avaient toute la latitude nécessaire pour créer en toute liberté, signés par la nouvelle maison de disques, Simone Records, mise sur pied par Sandy Boutin, le gérant de Karkwa et l’instigateur du Festival de Musique Émergente en Abitibi, qui d'ailleurs, en est déjà à sa 10e édition cette année, gageons qu'elle sera remplie de surprises et surtout, une cuvée à ne manquer sous aucun prétexte...

Mais revenons à nos moutons, avec le disque Piano Mal qui est l’un des trop rares enregistrements qui, à mon humble avis, arrive à transcender les époques, les modes et qui réussira sans doute à marquer profondément le paysage musical québécois!


Un album ressourçant, intimiste et audacieux

Julien Sagot- Piano mal  note : 4.5/5

J’attendais avec beaucoup de curiosité le premier album solo du percussionniste des excellents Karkwa, et mes attentes furent facilement dépassées. Il nous gratifie ici d’un album ressourçant, intimiste et audacieux, s’émancipant du son de son groupe original tout en ne se dénaturalisant pas. Dès le départ, le ton est donné avec l’étrange et envoûtante Trucifer: Une poésie télégraphiée et imagée côtoie une instrumentation épurée se densifiant au fil des mesures, le tout singulièrement structuré. 

L’ensemble de l’effort évoque des émotions troubles, tantôt teintées d’isolement et d’angoisse (Qui), plus loin évoquant un sentiment d’empressement et d’oppression (le temps des vendanges), tombant sans cesse sous la complexité et la beauté potentielle de l’ambiguïté. La variété des arrangements et des ambiances ajoute beaucoup de cachet à une approche assurée et sans complexe, le tout gracieusement transporté par la voix grave et rocailleuse de Sagot. Un album étanche, presque impénétrable lors des premières écoutes, essentiel. Bravo. 

Extrait de "tour d'horizon musical 1, l'axe du madPublié le février 10, 2012 by Jay Leblanc

mercredi 15 février 2012

Au tour de Sagot

Julien Sagot montera sur la scène du Théâtre Petit Champlain le 17 février en première partie des Barr Brothers.

C’est en quelque sorte le mouton noir de Karkwa. Celui qu’on voit sur scène entouré de percussions, d’une boîte d’objets, et qui habille le rock atmosphérique du groupe avec une dextérité exemplaire. Il faut avoir vu l’expérience Karkwatson (une réunion réalisée il y a trois ans entre Karkwa et le groupe de Patrick Watson) pour comprendre l’univers dans lequel aime graviter Sagot. Lors de cette rencontre, le percussionniste Robbie Kuster et lui s’en donnaient à cœur joie dans une joute bruitiste inspirée. Lorsqu’un album solo de ce multi-instrumentiste aguerri a été annoncé, on pouvait s’attendre à tout.

Sa voix, on l’avait déjà entendue sur la chanson Pili-pili, qu’on trouve sur l’album de Karkwa Les tremblements s’immobilisent. Une chance pour nous, son disque Piano mal ne s’inscrit pas dans la veine de cette pièce, qui est loin d’avoir marqué le répertoire du quintette. Julien Sagot y est plutôt allé avec un exercice d’écriture achevé et une direction musicale pour le moins éclectique. En fait, cette expérience musicale s’attarde plus aux textures sonores qu’à la forme chanson conventionnelle. C’est intrigant et poétique, et son acolyte Simon Angel (guitariste de Patrick Watson), habitué aux essais d’avant-garde, est un collègue de prédilection.

Le membre le plus discret de Karkwa aura donc été le premier à faire un vol solo (Louis-Jean Cormier fera de même sous peu). Julien Sagot montera sur la scène du Théâtre Petit Champlain le 17 février à 20h en première partie des Barr Brothers

Extrait de l'article d'Antoine Léveillée publié le 15 février dans Voir

L’ouverture d’esprit permet de l’apprécier

Presque au sommet de la montagne russe de mon appréciation musicale mensuelle, je vous promets une semaine riche en découvertes : électronique européen, un clin d’œil à Nicki Minaj et une belle redécouverte québécoise.
Julien Sagot – Piano Mal

Aussi membre de l’incroyable groupe qu’est Karkwa, Sagot nous gâte avec son premier album solo. Tout en nous offrant un style unique, il se sert bien du génie « Karkwaien ». Un album adroitement décousu et audacieux.

« Le voyage singulier que nous propose Sagot est à la portée de tout mélomane le moindrement ouvert. » – Marc-André Mongrain. Le musicien explore plusieurs avenues, et l’ouverture d’esprit permet de l’apprécier. Alors d’un côté, il offre, avec notamment « Piano mal », un rythme quasiment burlesque et jazzé.

D’autres morceaux ressemblent beaucoup au style très mélodramatique / mélancolique et expérimental de Karkwa. Des arrangements sonores parfois même effrayants…

J’irais jusqu’à dire qu’il est romantique, dans le sens « courant littéraire » du terme. Lorsqu’il s’accompagne de choristes et d’un piano imposant, Sagot fait simplement du bien à la mélomanie.

Coup de cœur : « Piano mal »

Écrit par Maleïka Beauchamp dans À la une, Arts & spectacles, Sorties de la semaine dans l'Obtus le 04-02-2012

lundi 13 février 2012

L’excellente qualité des arrangements

Piano mal – Julien Sagot

Julien Sagot, d’origine française, surtout connu comme percussionniste du groupe québécois Karkwa, nous offre son premier album solo intitulé Piano Mal. Ceux qui s’attendent à retrouver l’univers de Karkwa dans ce disque seront peut-être déçus.

Sagot s’est entouré d’excellents musiciens. On y trouve combinées la guitare de Simon Angell (guitariste de Patrick Watson), celle de Leif Vollebekk (auteur-compositeur) la voix grave de Julien Sagot. Le tout est agrémenté de textes proposant une série d’images diffuses qui crée une ambiance surréaliste. Certains considéreront Piano Mal comme un album de style expérimental.

Ils n’ont pas complètement tort; l’excellente qualité des arrangements permet à tous les instruments de déployer leur force respective.

On aime : Les différents styles lyriques présentés donnent lieu à une ambiance particulière. Sagot va chercher plusieurs sons expérimentaux dans sa musique, tels que le tonnerre ou encore la pluie. Les chansons à écouter : « Piano Mal », « S.O.S. Panda » et « Château Rouge ».

On aime moins : Les textes surréalistes ne plairont pas à tout le monde. En effet, plusieurs écoutes peuvent être nécessaires pour réellement apprécier ce qu’offre cet auteur-compositeur.

L’indispensable Julien Sagot

"Dans les remous dingues et doux de Karkwa, des projets à l’éclat superbe font surface. On a parlé déjà de l’album fou et beau Piano Mal de l’indispensable Julien Sagot, brûlot de chansons pop aussi immédiates que surprenantes" par Green Cats, Babies ! Publié le 13 février 2012 par Lo

Le conseil de la semaine

Sagot - Piano Mal

Lundi Francophone avec le Canadien Julien Sagot et Percussionniste du groupe Karkwa, vient de sortir un premier album solo qui s’appelle “Piano Mal”, c’est le conseil de la semaine. Exceptionnellement je ne vous propose pas de vidéo car elle n’existe pas pour le moment…vous pouvez écouter ainsi celle qui vous plaira !
Bonne écoute !

Publié le lundi 13 Février 2012 sur "One Music Everyday"

vendredi 10 février 2012

De la poésie sonore à savourer sans se presser

Piano mal, l’album solo que nous offre Julien Sagot, percussionniste de Karkwa, ravira les mélomanes avides de sonorités riches, d’arrangements peaufinés et de textes qui se tiennent loin des clichés.

Dès les premières secondes, l’atmosphère s’installe. La voix chaude et grave de Sagot nous tire dans un univers unique, inusité, peuplé de personnages étranges. Dans les textes fourmillant de métaphores, l’auditeur passe du quotidien d’un mineur saugrenu dans La taupe à un crime médiéval dans Le temps des vendanges, la pièce la plus rock de l’album. Dans l’entraînante Piano mal, on se réveille en compagnie d’un fakir, pour déambuler quelques pistes plus tard dans des Champs de coton. Loin des clichés des chansons d’amour bonbon, Sagot sa muse : « Les bouchons de liège/ Ferment les flocons qui parfument ce corps céleste/ Sous la peau de longs vaisseaux dérivent vers l’est » (Février).

Le son est plein, les arrangements, superbes. D’une piste à l’autre, on perçoit ce même souci de la recherche sonore. Guitares archet, sifflets et autres échantillonnages de bruits divers viennent ponctuer les pièces, une touche d’originalité bienvenue.

De plus, Sagot et son équipe jonglent habilement avec les loops (courts fragments musicaux répétés en boucle), notamment dans Qui, où ce loop, exécuté en sifflant, sert de base au morceau entier. Dans Février, il prend plutôt la forme d’un riff de guitare mystérieux. On peut déceler ici l’apport de l’excellent Leif Vollebekk, par ailleurs coarrangeur et musicien sur cet album.

La déclamation de ces textes, bien que souvent rectotono, ne nous laisse pas sur notre faim de mélodies accrocheuses pour autant. Ces dernières sont simples, bien ficelées, et supportées par une harmonie riche. Des accords plus dissonants parsemés ici et là confèrent une expressivité accrue aux chansons.  

Piano mal est un album onirique et surréaliste. L’accent est mis sur les atmosphères, mais jamais au détriment du groove et du plaisir musical.  De la poésie sonore, à savourer sans se presser.

Arts et Culture, critique musique, note : 4/5 

"Histoires d’atmosphères…" Article par Justine Pomerleau Turcotte, Impact Campus

Deux très bonnes critiques de Piano Mal

Julien Sagot - Piano mal - [2012]
Simone Records
Canada

Critiques mises en ligne le 10 février 2012
dans "Feu à volonté", magazine web indépendant


Deux de nos critiques désiraient parler du nouvel album de Julien Sagot. On a donc décidé de faire un face à face avec leurs deux opinions et d’ainsi créer la section Duel. Que le combat commence!

Critique de Jean-François Téotonio ; Note : 9/10 

L’ingénieux percussionniste de Karkwa se lance dans l’aventure solo. Julien Sagot, d’origine française, mais résident de Montréal depuis belle lurette, profite de la pause que se donne le groupe phare du rock québécois pour voler de ses propres ailes, le temps d’un album. Il nous propose ici une maquette de 10 pièces aussi atmosphériques qu’organiques.

Il y est accompagné de la guitare folle – mais calculée – de Simon Angell (guitariste de Patrick Watson) et de l’auteur-compositeur-interprète ottavien Leif Vollebeck, qui y ajoute sa voix, sa guitare et son piano. Ce dernier ajoute aussi sa touche aux arrangements, alors qu’Angell co-réalise avec Sagot. On se retrouve donc avec un personnel des plus compétents et on est en droit de s’attendre à un compact haut en qualité et en originalité.

Et c’est exactement ce cocktail qui nous est offert ici. On mélange ambiances sombres et brumeuses à des rythmes parfois gitans (Une vieille taupe), parfois vigoureusement rock (Le temps des vendanges). Ceux qui avaient accroché aux pièces chantées par Sagot sur les albums de Karkwa (Pili-pili, Au-dessus de la tête de Lilijune) seront servis : on y retrouve sa voix d’outre-tombe, fragile, mais féroce. Certains la trouveront un peu trop chevrotante, parfois presque fausse. À mon sens, elle s’insère malgré tout dans l’ensemble du disque. Elle ne s’y fait toutefois pas trop abondante, laissant toute la place à la musique pour grandir et s’épanouir. C’est tout à son honneur.

Cette musique, donc, que l’on remarque parfaitement maîtrisée, solide. Julien Sagot et ses comparses ont réellement trouvé un son qui leur est propre, et s’enfoncent tête première, assumant toutes décisions. On se laisse parfois porter par le sifflement sous réverbation (Piano mal), par l’envoûtant arpège à la guitare acoustique (Qui). Et par ces mots. Ces mots imagés, qui collent parfaitement à la voix qui les porte et à la musique qui les intensifie. Ils se font rares sur quelques pièces, mais ce n’est que pour mieux laisser la musique s’exprimer. Et cela réussit à merveille.

Notons aussi l’important apport de percussions et autres bruitages de Sagot, bagage hérité des nombreuses années à occuper ce poste chez Karkwa. Claps, tambourine, sifflet, téléphone, vibraphone, conga, allumettes, sons d’orage extérieur. Tous ces éléments ajoutent à l’ambiance, la rendant tragique, planante, caverneuse.

Vraiment, Julien Sagot ne pouvait mieux réussir son entrée en matière. Ce Piano mal est complet, maîtrisé. Il n’est pas étonnant que Karkwa connaisse autant de succès, quand il compte un tel bijou dans ses rangs.

Vous direz que j’en mets peut-être un peu trop, que je m’excite. Peut-être suis-je biaisé puisque je suis un fan de longue date du groupe. Tant pis, je m’assume. J’ai adoré ce disque, qui est lui aussi assumé.

Critique d’Élise Jetté ; Note : 7.5/10 

Piano Mal aurait pu être un produit dérivé de Karkwa et les admirateurs déjà conquis se seraient précipités. On aurait pu sentir l’influence de l’univers rock du groupe d’origine de Julien Sagot ou seulement le même esprit d’auteur dans la sonorité des textes. Ce n’est pas le cas. Les amateurs en quête d’une réplique n’obtiendront pas satisfaction avec Piano mal, mais c’est pourtant un mal pour un bien.

Bien plus que le premier opus du percussionniste de Karkwa, Piano mal est une œuvre impressionniste à part entière qui démontre la complexité et l’intégralité de l’artiste. Tantôt parlés, tantôt grognés, quelques fois en distorsion ou bien criés ou chantés, les mots de Sagot sont éloquents ou poétiques, mais surtout, esquissent des histoires imaginaires et imagées avec toute la finesse d’un auteur-compositeur-interprète. La voix n’est pas d’une puissance remarquable et les refrains ne sont pas des vers d’oreilles, mais l’univers mystique créé par le musicien est unique et autonome et l’indépendance de son style fait largement le travail.

Il faut entendre les pièces de Julien Sagot en faisant preuve d’ouverture, mais il va sans dire que certains morceaux sont plus faciles à aborder que d’autres. Que ce soit par le caractère comique d’Une vieille taupe, la mélodie de Février ou la composition vivante de la chanson titre, le percussionniste réussit à rattraper en route les auditeurs plus capricieux qui auraient été distraits en cours de route. C’est un premier album aux influences multiples donnant lieu à une exploration artistique marquée. Bien que l’on reconnaisse les arrangements de Leif Vollebekk, issu du folk, des envolées électro-acoustiques (Château rouge, S.O.S. Panda) et des ascendances dérivées de la chanson française proposent un monde singulier. Les détails sont façonnés un à un. Malgré le style décousu, les sonorités sont construites avec ténuité et précision (réalisation de Simon Angell).

Même si la quasi-totalité des chansons pourrait être mise en scène dans un film d’épouvante ou dans un vidéoclip tourné au cœur d’un cimetière, les 10 titres un peu lugubres contiennent une part d’humour (Les champs de coton) et de poésie (Qui) qui rendent l’univers de Julien Sagot un peu moins lourd. Ceci pallie au fait que certaines prestations plus instinctives comme Le trucifié – en ouverture – puissent laisser présager qu’il s’agit d’un album destiné aux initiés.

Avec Piano Mal, il faut s’attendre à être déconcerté, mais il est toujours bon de constater que la musique d’ici est en constante évolution et qu’elle peut encore donner naissance à des marginaux qui n’ont pas fini d’explorer les frontières de la singularité.